Jacob et Sarah n’étaient pas prévus lors de l’entretien avec Christian Sonderreger, réalisateur de Coby. Mais voilà, alors que je regarde du premier étage d’un immeuble cannois la rue ensoleillée, je vois arriver 3 personnes dont 2 que je reconnais pour les avoir vus dans le documentaire, Sarah et Jacob. C’est un couple modèle, ils le prouvent par leur amour au quotidien face à la transformation de Suzanne en Jacob. On est forcément ému de rencontrer d’aussi belles personnes. Sarah, tout en retenue, correspond bien à l’image du film où elle est là, en arrière-plan, alors qu’elle est l’élément moteur et l’accompagnatrice de la transformation depuis le départ. Jacob, lui, souriant, rayonne de bonheur. Ils restent quelques jours à Cannes puis partent découvrir l’Italie avant de retourner aux Etats-Unis.
Stéphanie Lannoy : Vous avez commencé par filmer des vidéos, une centaine, avez- vous commencé ensemble ?
Jacob : J’ai commencé seul ce projet. (Il regarde Sarah) Je ne sais même pas si je t’en ai parlé avant d’avoir filmé ma première vidéo.
Sarah, vous l’avez aidé ?
Sarah : J’étais sur certaines vidéos. Ensuite, j’ai fait mes propres vidéos dans une communauté de partenaires de gens qui se transformaient, spécifiquement de femme en homme. Chaque semaine nous abordions différents sujets à propos desquels nous discutions. Nous échangions nos expériences.
L’objectif était de vous entraider les uns les autres ?
Jacob : Oui, le but était de créer une communauté sur le web pour pouvoir trouver des informations sur des sujets précis au cas où quelqu’un en aurait besoin.
Quelle a été votre réaction à la vision du film ? L’avez-vous vu une fois terminé ?
Jacob : Nous avons vu la version finale ici à Cannes, lors de la Première.
C’est tout frais…
Jacob : C’était très chouette de voir le projet final. Tout le travail qui a été fait, c’était une incroyable expérience de voir tout ça face à moi.
Sarah : c’était très beau. J’aime la manière dont tout a été agencé. Cela apporte beaucoup de sens et vous amène lentement à la conclusion.
Jacob qu’avez-vous ressenti en vous voyant dans le film ?
Jacob : J’ai fait moi-même beaucoup de vidéos, donc je suis habitué à me voir à l’écran.
Mais votre famille est aussi dans le film…
Jacob : C’est vrai. Voir tout le monde, c’est très chouette. Mais c’est très différent de voir le résultat, quand je monte mes propres vidéos, je les connais. Alors que là quand je vois une scène, je ne sais pas ce qu’il va se passer du tout.
Qu’avez-vous pensé du point de vue du film ?
Jacob : J’ai beaucoup aimé la manière dont Christian a monté les scènes à partir de ce qu’il a filmé, car nous avons fait beaucoup de choses. Il a évidemment condensé le propos. J’ai vraiment aimé sa manière de brosser le portrait de ma famille, de Sarah et moi.
Il commence la structure du récit aujourd’hui, avec votre couple…
Jacob : C’est très bien. Je suis content que cela n’ait pas été juste une progression. Il fait des flash-backs puis revient au présent en insérant des moments entre deux, cela permet de réfléchir.
Sarah, vous apparaissez tout le long du film, pendant toute la transformation, comme une ombre…
Oui, c’est bien moi dont on parle ! (rires). Je ne pense pas que Christian me mette trop à l’écart, mais nous sommes dans une relation difficile et toute l’attention est sur Jacob, cela reflète bien la réalité. Je suis restée en arrière-plan et cela me convient.
Quelle a été la réaction du public après la projection ?
Jacob : Elle m’a parue très bonne, les gens ont été très réceptifs. Ils ont posé beaucoup de questions et étaient vraiment intéressés par le fait de trouver de nouvelles informations.
Sarah : C’était bien de recueillir autant de questions. Ils ont été réceptifs.
Avez-vous accepté ce film pour transmettre des valeurs, des informations ?
Jacob : Oui, j’ai commencé le processus vidéo seul, pour partager et expliquer aux autres personnes ce que c’était de passer cette transition. Le film, c’était pour être capable de partager encore plus d’informations là-dessus. C’est moins traumatisant que de nombreuses personnes pourraient croire, donc c’est bien de leur donner une perspective, de leur transmettre l’idée que cela n’est pas nécessairement une mauvaise expérience. `
Le film montre que le processus se fait naturellement…
Jacob : exactement.
Sarah : Je pense que cela met moins l’accent sur l’aspect informatif de la transformation et le drame et plus sur les émotions et l’évolution des relations.
Jacob : Et le bonheur autour de cela.
Comment ressentez-vous le fait d’être ici à Cannes ?
Jacob : C’est fou ! je n’aurais jamais imaginé que cela puisse arriver, c’est très excitant.
Quand avez-vous décidé de venir ?
Jacob : Quand j’ai appris la nouvelle, j’ai dit à mon frère que je trouverais un moyen de venir, je me fichais du comment ! (rires)
Sarah : C’était une vraie et heureuse surprise. Nous avions même plaisanté à propos de cela pendant le tournage avec Christian on riait en disant « et si on le faisait pour Cannes » c’était drôle, nous riions à propos de cela, c’était devenu une plaisanterie. Et wouaouh ! nous y sommes.
Propos recueillis par Stéphanie Lannoy, mai 2017, 70e Festival de Cannes.