C’est un été bien troublé pour la jeune Frida que nous dépeint la réalisatrice Catalane Carla Simon Pipo dans Summer 1993 (Estiu 1993). Suite à la mort de ses parents, la petite fille va devoir se déplacer de la ville à la campagne au sein de sa nouvelle famille. Des parents mais aussi une jeune sœur, Anna, qu’il va falloir accepter. C’est une histoire autobiographique que reconstitue avec les bribes de sa mémoire la réalisatrice Carla Simon Pipo. Son scénario est écrit tout en finesse et l’histoire nous est dévoilée par étapes, suivant le point de vue de la petite fille, qui, isolée, entend de ci de là les dialogues chuchotés des adultes. Les sensations que ressent Frida sont extrêmement bien rendues par le son et l’image. La petite citadine plonge dans cette nature toute nouvelle et nous aussi. Carla Simon Pipo reste toujours proche de son personnage, caméra à hauteur d’enfant. On est avec elle et on l’observe évoluer pas à pas dans cette difficile acceptation et les bouleversements internes qu’elle suppose.
Ce film est une renaissance, celle de Frida, qui inconsciemment va passer par de nombreux états psychologiques, des moments de colère contenue et inconscients, incapable d’exprimer sa douleur. Ce long métrage est une réussite en tant que tel, mais soulignons aussi la prise de distance par rapport à une matière autobiographique, filmée avec beaucoup de pudeur et d’intelligence, créant des rebondissements dans le récit. Nous découvrons ainsi ce qui arrive à Frida avec elle, par son regard. Les deux jeunes comédiennes sont très naturelles dans leur jeu et leur relation, entre découverte et jalousie. Un très beau premier film.