Ce qui nous lie, une comédie familiale touchante et drôle de Cédric Klapisch – En salle le 28 juin

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Passé maitre dans la comédie populaire et humaine, Cédric Klapisch réussit une comédie attachante sur les retrouvailles d’une fratrie confrontée au décès du père, vigneron en Bourgogne.

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Jean, Pio Marmai, est parti faire le tour du monde pendant 10 ans et c’est avec lui que l’on arrive en Bourgogne, dans cette exploitation vigneronne familiale où il revient voir son père mourant. Les retrouvailles sont compliquées et les explications sur sa longue absence inutiles face à une soeur et un frère sans nouvelles de lui depuis 4 ans. Avec Juliette, sa soeur, d’une apparente fragilité, Ana Girardot, et son cadet Jérémie, François Civil, ils vont devoir faire face à la réalité de l’absence d’un père, qui laisse une exploitation à faire vivre. Ils seront aidés par Marcel qu’ils connaissent depuis leur enfance, une référence viticole inébranlable, interprété par un Jean-Marc Roulot très à sa place, puisqu’il est lui-même acteur et vigneron. Le lieu de tournage est même sa véritable exploitation. Il a ainsi participé à la dimension documentaire du récit comme consultant technique, puisque cette fiction, tournée sur un an, nous montre le travail et les étapes de la fabrication du vin, fidèlement, parallèlement à la transmission de ce savoir-faire familial.

Cette comédie bien que classique est positive, les trajectoires psychologiques des personnages sont sensibles. Le cinéaste a co-écrit le scénario et les dialogues avec Santiago Amigorena et Jean-Marc Roulot y a également participé. L’humour y est bien dosé et les dialogues savoureux.

L’image, très esthétique tout en étant simple et épurée, montre la nature tout en restant proche des acteurs. Le Chef Opérateur Alexis Kavyrchine, qui travaille à la fois en documentaire et en fiction, parvient à rendre l’émotion à l’écran tout comme le détail du geste au travail. Dès le début du film les saisons passent dans un même plan fixe comprenant un arbre et des vignes à perte de vue. C’est le point de vue de Jean enfant, qui regarde passer le temps par la fenêtre avant de s’enfuir parcourir le monde. C’est beau et chaleureux.

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Loïk Dury et Christophe Minck, pour leur huitième collaboration avec Cédric Klapisch, ont composé une musique très étonnante. S’y révèlent une modernité et une connection au racines du passé et au terroir, comme pour mettre au goût du jour une activité ancestrale.

Ce qui nous lie parle d’héritage et de valeurs, transmises par le père, par le grand-père, on parle peu des mères d’ailleurs, même si Juliette tente de se faire une place parmi les hommes qui l’entourent. Comment on fait un bon vin, comment on le goûte, sans cracher… Le sujet est profond, il est question de la place de chacun, de la création d’une nouvelle famille, de l’acceptation du passé, des choix à faire, bref du passage à l’âge adulte avec cette petite dose de multiculturalité qui fait que chez Klapisch, les voyages sont une une richesse qui forment le caractère et la personnalité, pour mieux revenir.

Interview de Cédric Klapisch