Laissez Bronzer les cadavres, Expérience sensorielle sous un soleil de plomb, d’Hélène Cattet & Bruno Forzani

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Laissez Bronzer les cadavres est un film multigenre, autant polar que western, transposé façon années 70, virant par moments dans l’intemporel avec ses séquences oniriques et hallucinatoires. C’est une adaptation du roman homonyme de Jean-Pierre Bastid et Jean-Patrick Manchette.

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On est encore une fois happé par ce nouvel univers que nous proposent Hélène Cattet & Bruno Forzani (Amer, L’Etrange couleur des larmes de ton corps). L’histoire débute par des champs- contrechamps de regards façon western, où l’on prend son temps, car le cagnard règne. On découvre un village abandonné en haut d’une montagne entourée par le bleu de la mer méditerranéenne, où vit une artiste en mal d’inspiration qui accepte les visites de passage pour contrer la solitude. C’est le décor quasi personnifié où va se dérouler l’histoire. Tout irait pour le mieux, si un un magot de 250 kilos d’or n’avait été dérobé et Rhino et sa bande ne cherchaient une planque après leur braquage…

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Le Casting est un étalage de personnages charismatiques à gueules et dégaines. Eline Löwensohn (Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet) interprète cette artiste sexy en mal d’inspiration. Stéphane Ferrara, Les Etrangers de Philippe Faucon, son avocat, se prélasse lui aussi sous le soleil de plomb. Bernie Bonvoisin (Les Démons de Jésus) va s’incruster dans ce petit paradis isolé du monde, ce qui va forcément troubler l’équilibre des lieux…

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On aime la liberté narrative des réalisateurs, qui exploitent le langage cinématographique sans limite. Le style est primordial dans le récit. L’image comme le son sont parties prenantes de la constitution de cet univers. Les cinéastes collaborent avec une fidèle équipe. La direction photo est signée Manuel Dacosse (L’Amant Double de François Ozon) qui créé un univers visuel propre au film, alternant les ombres à l’intérieur des ruines et la lumière écrasante de l’extérieur. Le montage son est particulièrement soigné. Les éléments qui constitueraient des détails ailleurs, prennent ici toute leur importance, comme les crissements du cuir quand un protagoniste se déplace. Toute cet univers sonore est finement agencé par Dan Bruylandt (L’Etrange couleur des larmes de ton corps, Amer).

Si l’histoire tire un peu en longueur on apprécie cet univers particulier, déjanté, bien construit avec des personnages hauts en couleurs. Cette liberté de ton audacieuse s’apprécie à une époque où l’essentiel du cinéma se présente pré-formaté. Un cinéma qu’on aime.

Entretien avec Hélène Cattet et Bruno Forzani