On pourrait craindre un film pseudo arty par son début en noir et blanc façon expressionniste avec une scène de drame absolu : Janet, Kristin Scott Thomas (Quatre Mariages et un enterrement de Mike Newell) est face caméra, bouleversée et prête à tirer sur la personne à qui elle vient visiblement d’ouvrir sa porte. Mais il n’en est rien, rassurez-vous, The Party est une truculente comédie anglaise qui tourne à la tragédie grecque pour notre plus grand bonheur.

Nous sommes dans la haute bourgeoisie intellectuelle anglaise, chez Janet, qui reçoit quelques amis pour fêter sa nomination comme ministre de la santé, l’aboutissement de sa carrière, dans une ambiance chic et jazzy. Son mari Bill, Timothy Spall (Peter Pettigrow dans Harry Potter de David Yates), végète dans un fauteuil tandis qu’arrivent les invités pour la plupart des cinquantenaires hauts en couleurs, pour cette réunion festive et joyeuse. La blonde et classieuse April en robe noire, Patricia Clarkson (Shutter Island de Scorcese), et son mari allemand Gottfried, Bruno Ganz (Adolf Hitler dans La Chute d’Olivier Hirschbiegel), qui érige sa zénitude en art de vivre, testant à l’envi ses talents d’apaisant médiateur. La charismatique Martha, Cherry Jones (connue pour son rôle de Présidente des USA dans la série 24 Heures Chrono) arrivera avant sa compagne plus jeune, Jinny, Emily Mortimer (Shutter Island de Scorcese) qui, elle, attend trois enfants, exception dans ce groupe d’intellos sciemment dépourvus de marmaille. Tom, Cillian Murphy (Le Vent se lève de Ken Loach, la série Peaky Blinders), quant à lui, est un banquier séduisant ultra stressé, que l’on découvre sous cocaïne.

Les dialogues sont savoureux et situations rocambolesques. On rit avec ces comédiens hors pairs qui nous tiennent dans ce huis clos d’appartement aux pièces bien définies comme au théâtre que constituent le salon, la cuisine, la terrasse et la salle de bain comme refuge de l’intime. Lors de cette réunion festive de ce groupe d’amis bien sous tous rapports, réunis par l’amitié mais aussi par des idées politiques, intellectuelles et un mode de vie, les événements vont peu à peu déraper et les placer face à leur vérité. Jouissif.