Découverte dans La Tête Haute d’Emmanuelle Bercot pour lequel elle avait été nominée au Meilleur Espoir Féminin en 2016, Diane Rouxel capte la lumière sur le grand écran par une présence solaire et un regard bleu profond. Celle que l’on voyait très récemment s’engager en tant que jeune Officier de Marine dans Volontaire d’Hélène Fillières assume désormais les premiers rôles. C’est aussi le cas dans Marche ou crève de Tatiana-Margaux Bonhomme. La comédienne faisait partie du Jury International de la première édition du BRIFF. Lors de la clôture, souriante et à l’aise, elle est montée sur scène chercher le Grand Prix de la Compétition Européenne décerné aux Garçons Sauvages de Bertrand Mandico dans lequel elle joue. On sent chez elle un vrai bien être. A 25 ans, elle pourrait bien devenir l’une des grandes actrices françaises de sa génération.
Stéphanie Lannoy : Comment s’est passée cette première édition du BRIFF à Bruxelles ? Diane Rouxel : Bruxelles est une ville que j’adore, je suis venue plusieurs fois, j’ai des amis qui y vivent. La sélection était géniale. Tout en étant aux opposés, les films étaient très différents et dans chacun émerge un intérêt. Certains m’ont émue, d’autres étonnée. Remettre des prix à des films très différents ce n’est pas simple, mais certains se détachent toujours un peu.
Vous enchaînez cette année les premiers rôles, votre carrière prend-elle un tournant ? Oui, dans le film d’Hélène Fillières, Volontaire qui vient de sortir en salle, c’est la première fois que j’avais un rôle si important. J’ai ensuite tourné un film de Margaux Bonhomme (Marche ou Crève ndlr) qui sortira cet hiver, c’est aussi un premier rôle. A certains moments, on a moins de propositions, c’est préoccupant, alors ça me rebooste.
Comment choisissez-vous vos rôles ? Si le scénario m’a touché c’est la première étape. Je le sens tout de suite en général. Si je n’ai pas envie de lâcher un scénario et que je lis en une traite sans décrocher. Le rôle que l’on me propose doit être aussi intéressant que le jeu et le personnage doit connaitre une belle évolution. Ensuite c’est aussi la rencontre avec le réalisateur, sentir qu’on est sensible aux mêmes choses. Les films peuvent se montrer très différents. Ceux auxquels j’ai participé correspondent plus à du cinéma d’auteur, mais je suis ouverte à d’autres genres.
Comment a débuté la collaboration avec Hélène Fillières pour Volontaire ? Hélène était tombée sur un article qui faisait mon portrait dans un magazine et a voulu me rencontrer. Elle avait commencé à écrire depuis un moment et regardait un peu dans la rue les jeunes filles qui pouvaient correspondre à ce qu’elle imaginait. En voyant ma photo dans le journal, elle a déchiré la page en se disant que cela pourrait correspondre à son personnage. Elle a appris ensuite que j’étais actrice, on s’est rencontrées et elle m’a proposé le rôle très vite après notre rencontre.
Qu’est ce qui était déterminant pour vous dans le scénario de Volontaire ? J’aimais bien le fait qu’une une jeune fille paraisse toute fragile au début, ne sache pas trop ce qu’elle veut faire et que l’on découvre ensuite qu’elle a une force incroyable en elle. Au départ elle ne sait pas trop ce qu’elle fait là, marche sur des œufs. A un moment elle prend son destin en main et décide d’aller au fond des choses et d’entreprendre le stage commando.
C’est aussi une jeune femme qui doit entrer dans un monde d’hommes… En même temps, dans l’armée il n’y a ni hommes ni femmes, mais que des militaires. Les femmes sont traitées exactement de la même manière que les hommes. Les femmes qui sont appui opérationnel commando existent. Laure évolue, mais pas en opposition avec eux, c’est ce que je trouvais intéressant. Et elle est accompagnée du personnage de Loïc, son acolyte, joué par Corentin Fila.
Est ce qu’elle doit gommer quelque peu sa féminité pour entrer dans ce monde ?
Je n’ai pas le sentiment qu’elle est gommé sa féminité…
Elle veut stopper ses règles... C’est une question purement pratique. En stage commando elle n’a pas deux minutes à elle. A un moment, son seul objectif est d’arriver au bout et elle fera tout pour y parvenir.
On sent dans le film une bienveillance entre la Commandante (Hélène Fillières) et l’Officier, est ce que dans la réalité cette filiation existe entre vous deux ? Oui et on est devenues très proches. Hélène est vraiment bienveillante avec moi, elle m’apporte beaucoup. Elle me raconte tout ce qu’elle a vécu en tant que comédienne et c’est vrai qu’être dirigée par une actrice est un plus. Elle sait comment nous parler de manière très délicate et trouve rapidement les problématiques. Elle se sert des différences de chacun pour diriger différemment. Elle ne me dirige pas du tout comme elle le fait avec Lambert (Wilson ndlr) ou avec Corentin. Elle sent extrêmement bien les choses, c’est pour cela qu’elle est aussi une excellente actrice. Elle sait exactement ce qu’elle veut et l’obtient très facilement parce qu’elle nous dirige bien.
Concernant vos autres projets, on attend la sortie du film Marche ou crève de Margaux Bonhomme… Je crois qu’il est fini, ils attendent les réponses des festivals. Il devrait sortir en décembre en France. J’ai d’autres films qui sont encore en financement, donc incertains. Je devrais tourner en octobre novembre. Ce qui est sûr, c’est que je tourne avec Samuel Benchetrit.
C’est aussi quelqu’un qui connait les 2 métiers, en tant que réalisateur ou comédien ? Réalisateur. Il est comédien mais il me semble qu’il préfère vraiment réaliser.
Vous avez décidé sur base du scénario ? On s’était rencontrés une première fois avant la lecture du scénario. J’avais aimé la plupart de ses films que j’avais vus, comme L’Asphalte. J’avais très envie de le rencontrer. C’est arrivé au Festival du film Romantique de Cabourg. On a discuté toute la soirée, il m’a parlé d’un autre projet qu’il avait. C’était une première rencontre et rien n’avait été décidé. Il se trouve qu’entre-temps il a écrit ce film-ci dans lequel il m’a proposé un petit rôle.
Avez-vous vu son film, Chien ? C’est étonnant comme film (rires). Oui j’ai aimé, même si je ne suis pas sûre d’avoir tout compris… J’adore son univers complètement décalé, il se permet tout et je trouve ça génial.
Il a reçu le Grand Prix du Festival de Namur, le Bayard d’Or du Meilleur film… Je ne savais pas ! Ca ne m’étonne pas. Il faut vraiment se laisser aller dans ce genre de cinéma.
Et là, est-ce un film plus classique ? Non c’est un peu barré (rires). Ce n’est pas le même style, c’est un film choral.
D’autres projets que le cinéma ? J’ai fait ma première exposition photo cette année qui a bien marché (« Journal d’un garçon sauvage » sur le tournage des Garçons sauvages de Bertrand Mandico ndlr). On commence à me proposer des travaux comme photographe. Je pratique la photo depuis très longtemps, cela fait 5 ans que je m’y attelle sérieusement, je photographie en argentique, j’adore ça.
Ce serait aisé pour vous de photographier des portraits de personnalités… Ce n’est pas vraiment mon truc, je ne prends pas trop de photos posées j’ai besoin de me cacher, de voler des moments…
Propos recueillis par Stéphanie Lannoy, BRIFF, Bruxelles, Juin 2018