Denis Villeneuve (Prisoners, Premier Contact, Blade Runner 2049) réalisait le premier volet de Sicario et l’on s’attendait un peu à ce qu’il poursuivre son oeuvre tant le réalisateur est virtuose. Stefano Sollima lui succède à la réalisation de ce second volet « Sicario, La Guerre des Cartels » (Sicario: Day of the Soldado). Rompu au genre thriller-policier, Il a signé les séries Romanzo Criminale fondée sur le roman éponyme du juge Giancarlo De Cataldo basé sur une histoire réelle, ainsi que Gomorra qui a aussi eu son petit succès, à ne pas confondre avec le film de Matteo Garrone. Le point commun entre les deux volets est sans doute Taylor Sheridan, auteur des deux scénari.

A la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique les cartels font régner leurs lois. Pour s’en débarrasser, L’atypique agent fédéral Matt Graver, Josh Brolin, va monter une opération d’envergure, recrutant l’insaisissable Alejandro Gillick (Benicio Del Toro). Ils projettent d’enlever Isabela Reyes, Isabela Moner, la fille d’un des grands barons de la drogue dans l’objectif de déclencher une guerre des clans, mais la situation va déraper.

Dans ce second volet, la carapace du barbouze se craquelle pour laisser voir la faille. L’épisode est ainsi marqué par la rédemption d’Alejandro Gillick, Benicio Del Toro. Lui qui lutte pour venger sa famille – sa femme et sa fille ont été tuées par un cartel – va devoir enlever une ado de 16 ans et se trouver face à des choix qui lui seront impossibles. Ce personnage double, sorte de mixité entre le bien et le mal est très intéressant. Ancien avocat, il s’est transformé en agent tueur, et si l’on comprend ses motivations – venger les siens – la manière d’y parvenir évacue toute notion de justice.
On est ici dans le pur thriller effréné, avec rythme et suspens, même si on relève quelques invraissemblances, notamment à la fin. Cet opus fonctionne bien, il est moins psychologique que le premier où tout se déroulait dans une lourde tension psychologique, dans les silences entre les protagonistes, notamment à travers le personnage de Kate (Emily Blunt) de manière un peu plus sensible qu’ici.