Dans le palpitant thriller « The Guilty », Gustav Möller démontre la puissance du hors-champ 

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The Guilty (Den skyldige) est le premier long métrage très prometteur du cinéaste Gustav Möller. Il réalise un vrai défi cinématographique à travers ce terrible polar en huis clos, dans un commissariat, mené par un seul personnage principal, qui va incarner à lui seul le récit à l’image. Le cinéaste a co-écrit le scénario avec Emil Nygaard Albertsen avec qui il avait également écrit son court-métrage I Morke. 

Victime d’un kidnapping, une femme contacte les urgences de la police. La conversation est coupée brutalement. L’agent de police Asger Holm n’aura de cesse de trouver une solution pour venir en aide à la victime avec les seuls outils dont il dispose, son téléphone et son mental. Les vieux réflexes de cet agent mis sur la touche, qui vit son dernier jour au standard des urgences avant de retrouver son métier de flic en rue, vont vite revenir et dès que le téléphone sera coupé, l’enquête pourra commencer.

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Jakob Cedergren (Terribly Happy de Henrik Ruben Genz) réalise une belle performance avec comme seul accessoire de jeu ce lien tendu avec la victime au téléphone, d’autant plus complexe à jouer qu’il n’a que peu de partenaires de jeu au commissariat. Iben est interprétée (au son) par Jessica Dinnege. Malgré la sobriété de la mise en scène, la réalisation est impeccable et ce thriller tient en haleine le spectateur. On reste avec Asger dans la même pièce, en huis clos. Le cinéaste joue donc sur un découpage avec une échelle de plans et des angles de prise de vue très travaillés mêmes s’ils sont classiques, afin d’insuffler au récit un rythme qui va alimenter le suspens.

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Toute la narration hors champ est recréée par l’univers sonore. Le spectateur épouse le même statut que le personnage. Il écoute et découvre les faits en même temps que lui sans jamais les voir, il est donc libre de se les représenter. Le montage son, riche et précis qui invente le récit en off est vraiment à saluer.

Avec The Guilty, Gustav Möller réalise une belle démonstration de toute la force dont est capable le hors-champ sur le grand écran. Le film pose aussi la question cruciale des choix à faire lorsque l’on a l’énorme responsabilité d’une vie au bout du fil. Quand on conseille à quelqu’un d’agir, est-ce toujours le bon choix?

Entretien avec le comédien Jakob Cedergren

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