« Continuer » de Joachim Lafosse, l’épopée émouvante d’une mère et son fils dans le désert

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Après l’Economie du couple, Joachim Lafosse adapte au cinéma Continuer, roman de Laurent Mauvignier. Ce drame psychologique, road-movie façon western, a été présenté à la 75e Mostra de Venise.

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Sybille, la mère, souhaite à la fois renouer et remettre son fils Samuel, 18 ans, sur le droit chemin et lui impose un périple à cheval à travers le Kirghizistan. C’est l’occasion pour Joachim Lafosse de transposer le huis clos qui définit si fort son style dans le désert, qui en devient un. Malgré ces paysages étendus il parvient à emmener ces deux personnages dans un monde fermé. Mère et fils sont condamnés à s’entendre et dialoguer le long du trajet en traversant ces paysages désertiques et rocailleux. Les quelques peuplades rencontrées de ci de là isolent toujours plus le colérique Samuel qui ne parle pas russe, contrairement à sa mère qui elle, peut communiquer avec leurs hôtes. Au cours de leur périple ils devront soigner leurs chevaux, auxquels Samuel se montre particulièrement sensible. La tension sera palpable lorsque l’on indiquera à Sybille que la route n’est pas sûre et qu’on lui confiera une arme.
Virginie Efira, la peau tannée par le soleil, enveloppée dans un grand manteau contre le froid, convainc en Sybille, mère célibataire, femme mûre qui sait où elle va. Kacey Mottet Klein horripile quelque peu par ses réactions extrêmes et c’est le but, en post-ado extrêmement puéril et colérique.

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Le film émeut dans la relation de ce duo improbable forcé de se côtoyer le temps de ce voyage. La mise en place de la narration dans cette nature envoûtante et la beauté de ses plans en 16/9 ème ajoutent à l’émotion. Le scénario manque parfois d’une pointe de subtilité car on s’attend parfois à certaines situations, mais dans l’ensemble la rencontre des deux protagonistes dans ces plaines désertiques est plutôt séduisante.