Trevor Nunn nous offre un film d’espionnage classique mais passionnant sur la vie passée d’une femme âgée discrète et à priori sans histoire. Il s’inspire librement du roman éponyme de Jennie Rooney qui, elle-même, adaptait la vie de l’espionne anglaise du KGB, Melita Stedman Norwood.
Joan Stanley, 80 ans, mène une vie paisible en Angleterre lorsqu’elle est brutalement arrêtée à son domicile, accusée de trahison et espionnage. Lors des interrogatoires elle reviendra sur sa vie d’étudiante en physique à Cambridge, à la veille de la seconde Guerre Mondiale. Elle y croisera la route de la très séduisante Sonya, Teresa Srbova et de son charmant cousin Léo, Tom Hughes dont elle tombera amoureuse. Tous deux, juifs d’origine russe, ont quitté l’Allemagne nazie et entretiennent des sympathies pour le parti communiste. La jeune femme sera confrontée à des choix déterminants, et devra questionner ses idéaux.
Qui d’autre que Judi Dench, quittant son célèbre rôle de « M » dans James Bond, pouvait incarner ce personnage féminin au visage qui respire l’innocence, et dont le destin se révèlera hors norme ? L’actrice est évidemment grandiose face à ce fils plein de certitudes, pour qui cette mère deviendra peu à peu une étrangère. Son double plus jeune, étudiante parfaite, Sophie Cookson, teint diaphane et boucles brunes illuminera les flash-backs.
Malgré une réalisation classique, le retour de la dame sur sa vie est passionnant. Le mécanisme qui amène cette jeune femme à accomplir ses choix nous tient en haleine. On découvre aussi par son destin le machisme dominant dans les milieux scientifiques, et la manipulation latente liée à la situation politique mondiale de l’époque.