A Perfectly normal family, la transidentité au sein de la famille

A Perfectly normal family est une fiction forte, engagée, à l’histoire poignante réalisée par la danoise Malou Reymann. Pour son premier long métrage la cinéaste s’inspire de sa propre expérience et nous conte la transidentidé au sein de la cellule familiale et les bouleversements qu’elle engendre. A Perfectly normal family est un film à l’aura plutôt discrète à ne pas rater. Un drame familial très beau et sensible, loin des clichés réalisé avec beaucoup de sensibilité et de complexité.

Emma, une dizaine d’année au compteur, aime le foot. Thomas son père la soutient et la coache. Caroline quatorze ans, sa grande soeur, est plutôt bien dans sa peau. Helle la mère, Neel Rønholt, coule également des jours heureux. Le noyau familial éclate lorsque Thomas annonce qu’il souhaite devenir une femme. La famille s’en trouve bouleversée et sa relation avec sa plus jeune fille totalement bousculée. La jeune Emma superbement interprétée par Kaya Toft Loholt encaisse avec toute sa réserve. Le père, Mikkel Boe Følsgaard, est bluffant de naturel à travers sa transformation tant espérée et attendue.

Malou Reymann impose subtilement une construction psychanalytique du récit par un montage parallèle des images d’enfance filmées par la caméra du père qui montre le bonheur d’une famille classique unie. La force de ce regard du père sur ses enfants et son épouse se révèle par son extrême bienveillance. Ces séquences s’inscrivent dans le récit en opposition à l’éclatement familial du temps présent. C’est à travers les yeux de la jeune Emma que l’on suit l’histoire et la difficulté pour la petite fille d’accepter un changement qu’elle ne comprend pas. Le dispositif filmique est parfois un peu radical, notamment dans la séance de thérapie familiale ou le seul point de vue est pris de l’arrière de la tête de la petite fille aux yeux bandés. On préfèrerait voir de face les réactions des autres membres de la famille puisque l’on a bien compris que le point de vue est celui d’Emma.

A Perfectly normal family apporte un regard audacieux sur la transidentité et aide à comprendre sa complexité au sein de la cellule familiale. Le père vit parfaitement sa transformation, naturellement, et on le sent épanoui. Le sujet n’est donc pas – comme d’usage – centré sur le personnage qui provoque le bouleversement mais sur la réaction d’un être proche. Le point de vue de la petite fille constitue en grande partie la réussite de ce drame familial intime porté par des acteurs investis. Il faut projeter en salle de tels films nécessaires au sentiment de réel par rapport à ce sujet qu’est la transidentité.

En salle le 21 juillet.