Daily Cannes! Annette de Leos Carax ouvre le 74ème Festival de Cannes – Compétition Officielle

Film musical de Leos Carax (Les Amants du Pont Neuf)Annette ouvre le 74ème festival de Cannes et concourt en Compétition Officielle. Avec ses têtes d’affiches exceptionnelles, Marion Cotillard et Adam Driver réunis, il est fort à parier que le film attire les foules en salle. Cette comédie musicale est une ode au spectacle qui promet une ouverture grandiose au festival, un moment de retour en salle de cinéma après son annulation en 2020 suite à la pandémie.

Le déluré Henry Mc Henry, Adam Driver et la parfaite Ann, Marion Cotillard, sont deux stars en pleine gloire. Comédien de stand up, « le Gorille de dieu » provoque son public pour le faire rire usant d’un humour très noir, tandis qu’elle chante comme soprano à l’opéra. Tels la Belle et la Bête, les deux amants vivent une idylle. Ils deviennent parents d’une petite fille qu’ils qualifient « d’un autre monde » et appellent Annette.

Carax affirme ce drame comme un spectacle avec une mise en scène grandiose. Témoin cette voix-off sur fond noir, qui vous demandera de prendre votre dernière respiration avant le spectacle car « aucune ne sera tolérée ». Et le prologue où tous les acteurs nous convient au spectacle en chantant sur une chanson « May we start ? », questionne d’emblée le spectateur et l’emmène de manière joyeuse et grandiose vers l’histoire. Le cinéaste instaure ainsi dès le début un dialogue constant entre les protagonistes et le spectateur. Les éléments du spectacle sont posés et affirmés. Il oppose souvent la foule, à l’artiste, les paparazzi à la star. En incarnant leurs personnages, Adam Driver et Marion Cotillard deviennent des figures vivantes imaginées par le cinéaste, comme cette poupée articulée qui personnifiera leur petite fille. Carax crée du spectacle pour donner à voir les stars sur scène, seuls face à leur public. On les découvre aussi dans leur intimité. Des ellipses rythment leur vie par des titres de journaux people tels « Ann et Henry se marient». La bande musicale, brillante est signée par les Sparks.

Par son affirmation de l’artifice, Leos Carax développe une créativité débordante, et plonge le spectateur au coeur du spectacle. Face à la grandeur de la mise en scène, superbe, on trouve un scénario sans doute un peu plus inégal avec parfois un manque de finesse. Le décalage par rapport au réel permet cependant au cinéaste d’évoquer un sujet de société, le féminicide et la violence faite aux femmes. Il mène le spectateur dans un monde imaginaire pour évoquer un sujet grave. A voir pour sa folie.