OSS 117, Alerte Rouge en Afrique noire une comédie féroce à la Bedos

On attendait le troisième volet d’OSS 117, Alerte Rouge en Afrique noire avec impatience, puisque Nicolas Bedos reprend le flambeau de la réalisation après Michel Hazanavicius. L’adaptation pastiche des séries d’espionnages écrites par Jean Bruce sur un scénario de Jean-François Halin, (scénariste historique des deux premiers) tient avec ce volet un très bon opus. Le film a clôturé avec humour ce 17 juillet le 74ème Festival de Cannes.

On retrouve Hubert Bonisseur de la Bath, alias OSS 117 en 1981. Jean Dujardin excelle, plus grandiloquent que jamais, en 1970/80 dans la France post-coloniale de Giscard d’Estaing. OSS117 va être envoyé en mission en Afrique pour retrouver un jeune collègue prometteur, OSS1100. Blond à frange, anneau dans l’oreille et vêtu de cuir, Pierre Niney est brillant en agent secret version US des années 80, façon Hollywood, chewing-gum en bouche.

Dans ce volet de la célèbre saga, l’humour noir est à son paroxysme. L’ Humour corrosif n’est pas sans rappeler celui du père du réalisateur, Guy Bedos, qui, lui non plus, ne négociait pas sur la blague. Le personnage principal est encore plus raciste, misogyne, homophobe et maladroit que dans les épisodes précédents. Ici on ne sait plus où se trouve la limite de l’humour et tant mieux.
Le face à face entre les deux générations d’agents secrets est riche d’un point de vue dramatique. L’immense décalage entre les deux hommes crée entre eux une incompréhension hilarante. Car OSS117 vieillit et doit faire face à cet éphèbe qui court plus vite que lui dans une séquence d’anthologie drôlissime où le maître cherchera son souffle, en vain. Si les personnages féminins sont de la partie, Fatou N’Diaye est Zéphirine, être à la force de caractère insoupçonnée, l’esthétique reste celle d’une parodie de James Bond, témoin le générique qui respecte les codes esthétiques (et sexistes) du célèbre agent secret.

La comédie de Nicolas Bedos est très rythmée, sans temps morts, avec des portraits truculents de la France du passé tout en affirmant sa main mise sur l’Afrique. Celle-là même qui voyait arriver avec effroi en la génération Mitterand, l’arrivée des communistes au pouvoir. Ce troisième épisode se regardera (forcément) avec beaucoup d’humour, de second, voire de troisième degré.