
Drame romantique et social de Clio Barnard, Ali & Ava est une oeuvre tendre et drôle, une bouffée de fraicheur dans le paysage cinématographique. Le film était sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du festival de Cannes 2021.
Blonde irlandaise quarantenaire, assistante scolaire, Ava, intense Claire Rushbrook, élève seule ses quatre enfants et veille sur sa petite fille qui n’a pas encore de prénom. Ali, Adeel Akhtar, gère ses locations et aide ses voisins en transportant de ci de là une enfant pour aller à l’école. Ancien DJ, il aime le rythme et danser. Ces deux personnages que rien ne prédestinaient à se rencontrer vont être attirés l’un par l’autre, au-delà des clichés.
Ces protagonistes d’âge mûr, Ali et Ava se ressemblent dans leur quête de l’enfance. On aime voir ces deux personnages étriqués dans leur vie, croulant sous les obligations s’élever de leur quotidien pour vivre une relation passionnée, décomplexée largement inspirée de l’enfance. Elle le rassure et il la distrait. Le salon d’Ava se transforme en un bateau-canapé pour les enfants, Ali se réfugie dans son sous-sol comme une caverne d’Ali Baba, yukulélé en main avec lequel il chantera du Bob Dylan.
Le langage des corps en dit long. Ali se recroqueville régulièrement en boule, capuche sur la tête comme un foetus avant de s’épanouir en dansant casque aux oreilles. La séquence d’ouverture du film est exceptionnelle. Plan d’ensemble envahi par le célèbre fog anglais, Ali casque sur les oreilles se défoule et danse sur le toit d’une voiture dans un rythme soutenu et saccadé. Un pur moment de beauté. Aux antipodes, Ava écoute de la country et du folk qu’il exècre et ne se gêne pas pour lui dire. La mise en scène tente un mélange des sons et des rythmes, entrainant ses personnages dans un mélange de chants, musiques et danses pieds sur le bateau-canapé et c’est beau. La caméra à l’épaule est nerveuse et reste proche des protagonistes.
Les communautés sont bel et bien une ombre au bonheur de cette relation insouciante naissante. Lui, marié, vit en communauté, dans une grande maison familiale tandis qu’elle, immigrée irlandaise, habite dans un quartier où l’on n’ose même plus entrer en voiture sous peine d’être caillassé. Malgré tout Ali et Ava vont braver les interdits sociétaux. Un film superbe et rare à découvrir pour sa beauté et le retour à l’innocence de ses protagonistes.