
A Plein temps est un thriller intense et palpitant réalisé par Eric Gravel. Le spectateur est sollicité dès le début du film et ne sera jamais lâché par le cinéaste. Laure Calamy nous avait épaté dans Dix pour cent mais aussi dans le rôle d’Antoinette partie randonner le long du chemin de Stevenson dans les Cévennes avec l’âne Patrick. Dans A Plein temps, divine, elle joue probablement son plus beau rôle. Le film a récolté les honneurs à la Mostra de Venise où il a décroché deux Prix. Le Prix Orrizonti du meilleur réalisateur pour Eric Gravel et celui de la meilleure actrice Pour Laure Calamy.
Mère célibataire, Julie se démène pour élever ses deux enfants à la campagne et travailler dans un palace parisien. Chef d’équipe, elle atteint la perfection dans son travail de femme de chambre dont la première règle est d’être invisible. Ces femmes-machines chronométrées ressentent une intense pression du travail. Titulaire d’un Master en économie, la belle a des études à revendre mais doit bien gagner sa vie. Gagner sa vie c’est à Paris. Quand elle obtient un entretien pour un poste correspondant à ses aspirations, une grève éclate remettant en cause un équilibre déjà fragile.
Passé les gros plans de peau accompagnés au son de la douce somnolence de l’héroïne, de son repos, A plein temps embarque le spectateur dans une fuite en avant, celle de Julie, dès le bip du réveil. Laure Calamy endosse le rôle de Julie en mode combat. Les grèves parisiennes qui éclatent pour une mère de famille célibataire comme le personnage de Laure Calamy qui vit en banlieue histoire d’avoir un peu d’espace, constituent une lutte. Le film s’envole dans un rythme effréné pour ne jamais d’arrêter avec une réalisation virtuose. Le montage image et son d’une précision presque maléfique nous embarquent. Le score en grande partie techno et très rythmé amène encore plus de tension dans le récit.
Quand les grèves sont activées, pour la mère célibataire, c’est la guerre. Laure Calamy se lance malgré elle dans une course folle, un parcours du combattant dans une ville devenue un enfer par le regard acerbe du cinéaste. Ce thriller est implacable. Lacarte bancaire va t-elle fonctionner ? Julie va-t-elle parvenir à trouver un transport ou pas ? Son quotidien de femme et de mère de famille perd toute humanité, toujours à toute vitesse, inexorablement.