
Dans Arthur Rambo, Laurent Cantet livre une adaptation librement inspirée de « L’affaire » Mehdi Meklat sur un scénario co-écrit avec Fanny Burdino et Samuel Doux.
Costard noir et basket blanches, Karim D a tous les atouts de la réussite. Jeune écrivain à succès, influenceur, créateur d’une web TV, il fête la sortie de son deuxième livre « Débarquement ». Issu de la diversité, le jeune homme engagé va être pris au piège face à des tweets haineux exhumés des réseaux sociaux. Au fond qui est Karim D ? Son pseudo, Arthur Rambo, ou lui-même ?
Rabah Naït Oufella (Entre les Murs, Nocturama, Grave) entre dans la peau de ce jeune homme à l’intelligence saluée par le succès et l’aspiration de toute la société culturelle et médiatique parisienne coaché par son éditeur Antoine Reinartz.
C’est une déflagration dans la vie de Karim D que met en scène Laurent Cantet. Chaque personnage va réagir par rapport aux faits reprochés à Karim, amortissant le choc ou pas. Ses amis, son amour, son pote Rachid, Sofian Khammes (Mes frères et moi), qui refuse d’être aspiré dans le contre-effet étant lui-même issu de la banlieue « Tu te rends compte comme on est fragiles !». Comme si eux, jeunes hommes issus de l’immigration tenaient une position d’équilibriste au sein de ce milieu parisien de l’édition. Cantet livre une lecture très fine des liens entre parisianisme et banlieue. Il souligne l’effort que font les personnages issus des banlieues pour s’élever dans le Paris chic de l’édition et des médias. En banlieue, les jeunes qui travaillent dans la web tv le considèrent comme un traître. Seul son petit frère le défend et désacralise l’attaque « Ce ne sont que des tweets ». La mère de Karim, maman courage, personnage central du roman raconte son histoire, celle de l’immigration algérienne.
L’inconsistance de Karim face à la responsabilité de ces propos sous le pseudo de Arthur Rambo, qu’il considère comme un personnage est affligeante. Soit comme dit son amour Léa médusée «Une cohabitation de pensées opposées dans un seul cerveau ».
Sans forcément au final comprendre la psychologie de ce personnage ambigu et la cohabitation d’un docteur Jekyll et Mister Hyde dans une même tête pourtant brillante, Laurent Cantet souligne à travers cette histoire sur les réseaux sociaux, passés leur course folle et la folie des likes, leur incidence et la responsabilité qu’ils impliquent. Les traces laissées sur le web par un individu ne disparaissent pas et l’engagent. La loi vient ainsi rattraper le personnage et l’homme réel pour antisémitisme, homophobie et apologie du terrorisme.