
C’est dans le sud de la France que Yohan Manca situe son premier long métrage, une comédie à l’humour et l’émotion solaires, présentée en sélection Un Certain regard au dernier festival de Cannes. Mes Frères et moi rassemble une fratrie solide et conflictuelle.
A 14 ans, Nour s’apprête à vivre un été dans la banlieue de bord de mer où il habite avec ses frères. Entre la maladie de sa mère et les travaux d’intérêt général, Nour va rencontrer Sarah, chanteuse lyrique. C’est là que tout va basculer.
Yohan Manca nous offre une excellente comédie au ton réjouissant et frais, mettant en scène des personnages de banlieue sans trop de clichés. Les protagonistes affichent chacun un caractère tranché dans la fratrie, servie par un casting très juste. Le jeune Nour, Mael Rouin Berrandou, se passionne pour l’opéra qu’il écoute fort. Il va découvrir par hasard le cours de chant animé par Sarah interprété par (la trop rare) Judith Chemla. Il tient sa place au sein de la fratrie et digne héritier de ses frères, compte arrêter l’école à 16 ans. L’aîné Abel, Dali Banssalah, se désigne de fait chef de famille. C’est lui qui fait régner l’ordre aussi par la violence et Hedi, Moncef Farfar, en paie les frais. On s’attache à ces personnages qui survivent en milieu hostile avec leurs petits arrangements, peu importe les moyens pour certains. Mo, Sofian Khammes, a ainsi trouvé un filon dans un hôtel de luxe.
L’humour est une composante de cette excellente comédie avec bien sûr quelques moments d’émotions bienvenus, le tout rythmé par une bande son énergisante. On apprécie le côté réel des personnages englués dans une violence qui vient du lieu où ils vivent, la banlieue de Sète et ses (ironie du sort) superbes couchés de soleil. Cette cité qui leur impose une certaine violence de vie. Celle-ci n’est pas niée et Hedi deale pour gagner de l’argent. Les plus jeunes rêvent de quitter la banlieue un jour mais comme le dit Abel, l’aîné à Nour « La cité elle te quittera pas elle te colle à la peau ». Un film rayon de soleil dans une réalité crue, que les personnages illuminent.
Photo de couverture: Crédit Image David Koskas – Single Man Productions