
Après Bang gang, Les filles du Soleil et les trois premiers épisodes de la saison 2 de l’excellente série Hannah, Eva Husson revient au grand écran pour son troisième long métrage, Mothering Sunday, présenté à Cannes Premières en juillet 2021. Comédie dramatique romantique qui fleure bon les cottages et la campagne Anglaise du début XXème, Mothering Sunday est une adaptation de la nouvelle éponyme « Le dimanche des mères » de Graham Swift. Le scénario écrit par Alice Birch a enthousiasmé la cinéaste au point de lui faire adapter ce roman au grand écran d’une manière assez remarquable.
1924, Beechwood en Angleterre. Jane Fairchild est la bonne d’une famille d’aristocrates, les Niven. Lors de la fête des mères, Jane profite d’une journée de repos. Elle court retrouver Paul Sheringham, Josh O’Connor, son amant. Fiancé avec Emma Hobnay, Paul est le fils des voisins des Niven. Ceux-ci ayant perdu leurs fils lors de la Première Guerre mondiale, ils se réjouissent du futur mariage comme si Paul était leur propre fils.
Le Casting est de choix. Olivia Colman et Colin Firth, incarnent les Niven, ces parents endeuillés et inconsolables de la perte de leurs fils. Josh O’Connor (le Prince Charles dans la série The Crown) est pour sa part un jeune homme frustré, soumis à des obligations familiales qu’il ne contredit pas, notamment un mariage arrangé à ses dépens.
Eva Husson nous raconte Jane, héroine moderne qui va faire naitre l’écrivaine en elle, va saisir sa chance et sortir de sa condition déterminée dès sa naissance en tant qu’orpheline. Odessa Young incarne avec beaucoup de naturel cette Jane au visage angélique. Glenda Jackson incarne quant à elle Jane plus âgée.
Eva husson adapte à pleine caméra la narration. Tout le jeu narratif réside ici entre l’écrivaine et son art, l’écriture et c’est jouissif. On sent la présence de la littérature, de la poésie dans quelques décadrages suggestifs du regard de Jane. La mise en scène est particulièrement fleurie, images léchées esthétisantes, exit les amateurs de cuts en tout genre au profit d’une adaptation fleurie et romantique. La construction narrative est intéressante. Les flash backs insérés par touches imposent des retours en arrière fugaces de manière assez agréable et inattendue. En un puissant destin de femme formidablement incarné et fleuri, la cinéaste montre comment le drame s’insère au milieu du bonheur et la résilience de cette formidable héroine.