Critique rédigée lors du Festival de Cannes 2022
Après « Rae » et « A l’arraché » courts métrages applaudis en festival, Emmanuelle Nicot signe un émouvant premier long métrage. Dalva est présenté en Première mondiale à la Semaine de la Critique du 75ème Festival de Cannes. Un Monde de Laura Wandel sélectionné l’année dernière à Cannes section Un Certain Regard et Prix FIPRESCI plaçait sa caméra à hauteur d’enfant pour une plongée troublante dans le monde de l’enfance, s’intéressant au harcèlement scolaire. Emmanuelle Nicot s’intéresse ici avec intelligence à un sujet très délicat, l’inceste du point de vue de l’enfant, que la caméra ne quittera pas. Dalva a également décroché le prix FIPRESCI (Prix de la Critique internationale) à Cannes.
Dalva est séparée brusquement de celui qu’elle nomme « Jacques », son père, avec qui elle vit. La petite se retrouve dans un foyer. Grands yeux bleus, visage d’ange, la jeune Zelda Samson est émouvante en Dalva. Chemisiers en dentelles, chignons et boucles d’oreilles en perles, Dalva a l’allure d’une femme. Arrivée au foyer la jeune fille, « Barbie » comme on l’appelle, est décalée face à des ados en jean-baskets. La rencontre avec Jayden un éducateur dévoué, Alexis Manenti et Samia une copine forte de caractère sera salvatrice pour la jeune fille qui se retrouve déboussolée à ne plus savoir quelle est la vérité face à une situation que l’on qualifie d’inceste. « Qui a dit qu’une fille et son père ne pouvaient pas s’aimer ? » s’étonne-t-elle. La petite fille va devoir intégrer, comprendre et accepter la réalité mais aussi apprendre à se connaître avant de devenir une autre et de pouvoir enfin vivre son enfance.
Voilà un sujet très difficile à traiter, celui de l’inceste. Emmanuelle Nicot s’en sort remarquablement bien en se centrant sur une jeune fille à l’aube de l’adolescence et en épousant son regard. Elle pose un point de vue très juste sur l’enfance et on est frappé par la vérité des relations entre les adolescents envisagés dans toute leur complexité.