Dans les forêts de Sibérie, dernière Comédie dramatique de Safy Nebbou, la peau dure sur les bords du lac Baïkal. En salle le 13 juillet.

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Teddy (Raphaël Personnaz), trentenaire français qui baragouine le russe est conduit au bord du lac Baïkal, traversant le lac gelé en camion pour y vivre en ermite dans une cabane. Il s’est exilé d’un monde citadin « trop bruyant ». Son chauffeur ne lui traduira pas les propos du vendeur de la cabane disant que « l’endroit était idéal pour se suicider ». Il souhaitera bonne chance au jeune homme et s’en ira. Le candide Teddy découvrira l’immensité, la liberté, le froid. Peu préparé à la vie difficile sur les rives du lac Baïkal, il sera sauvé d’une tempête de neige par un sombre braconnier russe (Alekseï, Evgueni Sidikhine) qui finira par lui donner une leçon de vie.

Le film est l’adaptation du livre de Sylvain Tesson (prix Médicis essai 2011) scénarisé par Safy Nebbou et David Oelhoffen. Il est emprunt de réel ce qui lui donne une saveur singulière. Parti de l’expérience de l’écrivain-voyageur (vivre six mois dans une cabane sur les bords du lac Baïkal), le cinéaste y a vécu trois mois pour s’imprégner du lieu. Cela donne un film ou quelques acteurs sont des gens du cru et certains sont des vrais personnages du livre. C’est aussi le challenge réussi d’une adaptation qui n’est pas un film contemplatif sur un homme taiseux.

Dans la lignée des films écologiques, Dans les forêts de Sibérie replace l’homme au milieu de la nature, comme l’avaient fait Into the wild de Sean Penn ou The Revenant de Alejandro Gonzalez Inarritu. Teddy (Raphaël Personnaz, La Princesse de Montpensier, Quai dOrsay, de Bertrand Tavernier) a choisi le froid, l’espace et la solitude pour s’échapper d’un monde dans lequel il ne se retrouve plus. Il souhaite être en confrontation directe avec la nature : On retiendra l’humilité de l’homme face à cette nature dominante rendue par la mise en scène. Les paysages immenses sont souvent filmés en plans d’ensemble et l’homme au milieu est minuscule (Image : Gilles Porte). Les relations humaines sont envisagées de manière plus intimiste en plans rapprochés à l’intérieur et les cabanes constituent de véritables refuges face à la rude nature extérieure.

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Contrairement au livre, le film fonctionne sur une certaine tension. La candeur du héros dans ce milieu et la rencontre improbable des deux personnages aux antipodes sont vecteurs de suspens. Même si les ressorts sont parfois attendus et appuient la maladresse du personnage principal Teddy (l’ours qui arrive pile quand il se baigne nu ; il vit dans un état extatique ses émotions comme un enfant, en toute inconscience : court sur la glace…), on ne peut qu’admirer l’effort du candide qui apprend, en immersion dans ce milieu hostile. L’inquiétude monte accentuée par sa rencontre avec un homme potentiellement dangereux, Alekseï. Teddy rencontrera un vrai personnage endurci par la vie. Tous deux ont des raisons différentes de se cacher. Ce personnage lui donnera une leçon de vie en lui montrant que lui-même fuit sa propre existence. Ibrahim Maalouf a relevé le défi de composer une musique inspirée de la nature, en adéquation avec son silence et sa paix. Une superbe séquence illustre cela lorsque Teddy joue de la trompette en haut d’une montagne, magnifiant un horizon infini.

Malgré des partis pris parfois attendus, on est admiratifs de cette remarquable plongée glaçante en pleine nature, sur les rives du lac Baïkal la « Perle de Sibérie » et le film nous convainc qu’être aventurier, cela se mérite.

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