Angry Indian Goddesses, comédie dramatique de Pan Nalin dresse un regard vivant et enjoué sur sept femmes libres et indépendantes dans l’Inde d’aujourd’hui – en salle le 27 juillet

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Johanna (Amrit Maghera), en Sari à l’arrière d’une moto, brandit un couteau en hurlant pour se venger d’un homme : surprenante scène de tournage de film Bollywoodien qui ouvre brutalement le récit. Johanna est l’une des cinq invitées de Frieda (Sarah-Jane Dias), photographe de mode qui invite ses amies à Goa durant une semaine pour une « girl party » de jeunes trentenaires, à l’occasion de son mariage. C’est l’opportunité pour ces femmes indépendantes de vivre des moments de totale liberté, légers et fous comme si elles étaient adolescentes. Derrière les joies, les confidences, les difficultés de chacune vont émerger, sur fond d’une société indienne où les femmes doivent lutter pour avoir une place, parfois très durement.

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Pan Nalin (Samsara, la vallée des fleurs) réalise une comédie populaire aux accents exotiques de l’Inde : musique, chants, danses habitent ce groupe de filles libres qui croquent la vie à pleine dents. C’est l’un des premiers films indiens dont le sujet est un groupe de femmes, celles-ci étant souvent reléguées à des rôles moindres. Il entre ainsi dans le cercle très fermé des fictions qui témoignent de la place des femmes dans une société particulière. On se rappelle de l’excellent Bande de filles de Céline Sciamma qui se penchait sur la vie des adolescentes dans les banlieues françaises. Derrière la chaleur humaine de ce genre de portrait de groupe se dessine une réalité sociétale souvent dérangeante et qui pose question.

Pan Nalin questionne aussi la place de la femme dans une société indienne partagée entre tradition et modernité. Ses personnages sont le reflet de ce questionnement : Suranjana (Sandhya Mridul) chef d’entreprise overbookée élève difficilement sa fille Maya, Madhureeta (Anushka Manchanda vraie pop star) est une chanteuse dont la carrière ne décolle pas, Laxmi la servante (Rajshri Deshpande) vit dans l’idée de vengeance, Nargis (Tannishtha Chatterjee) est une militante passionnée, Frieda abandonne son travail de photographe de mode trop peu artistique à son goût…

En lavant les jeans troués des jeunes femmes modernes la grand-mère de Laxmi ne comprend pas et s’exclame : « Si elles mettent des vêtements déchirés elles auront des vies déchirées ».

Pamela (Pavleen Gujral) est la plus traditionnelle de toutes: habillée en Sari, elle a accepté un mariage arrangé. « Comme une vraie indienne : maman trouve moi un mari ! », railleront les filles. Au contact de ces femmes indépendantes elle demandera à son mari de pouvoir travailler et exister par elle-même.

Pan Nalin divinise ses personnages de femmes actives, indépendantes et libres en l’image de la déesse Kali. Dans une séquence dynamique les jeunes femmes imitent tour à tour cette déesse en colère qui tire la langue. Elles miment Kali qui jadis détruisit tout le mal présent dans le monde et permis la renaissance d’un monde nouveau. Dans une société indienne particulièrement injuste envers les femmes et qui ne connait pas moins de 25 000 viols par an, cette fiction populaire de Pan Nalin prend tout son sens.