Détroit est un drame politique sur les émeutes raciales qui ont frappé la ville en 1967. Le 23 juillet, des émeutes parmi les plus violentes qu’ont connu les USA ont débutées. En cinq jours, elles ont causé la mort de 43 personnes et en ont blessé plus d’un millier. La sortie américaine du film a coïncidé à quelques jours près, aux 50 ans des émeutes de 1967.
Kathryn Bigelow n’a pas sa pareille pour filmer les situations de guerre, d’urgence au masculin et capter leurs émotions. Elle le faisait au mieux dans Démineurs où toute la tension de la guerre en Irak se tenait à la tension du déminage, ce petit moment où on ne sait pas d’où va venir l’ennemi car tout devient danger. Elle est la première femme à avoir remporté les Oscar du Meilleur Réalisateur et celui du Meilleur Film pour Démineurs, en en raflant plusieurs autres dans le même temps (Montage son, Scénario, Mixage). Elle a co-écrit ici une nouvelle fois son scénario avec Mark Boal, avec qui elle avait déjà collaboré pour Zero Dark Thirty et Démineurs. Les faits réels ont ici été romancés étant donné que leur déroulement complet n’est pas connu.
Le prologue est très habile. En quelques peintures naïves, la cinéaste explique avec une voix-off la situation de Détroit en 1960, les migrations de la population noire vers les banlieues, avant le clash.
On plonge rapidement dans la situation confuse des émeutes sans être guidés par un personnage particulier ce qui accentue le chaos. La caméra est nerveuse, la plupart du temps en plan rapproché, on est aussi coincés que les personnages et l’on vit la situation en direct avec eux.
Les protagonistes de l’intrigue vont apparaitre de ci de là, au milieu du désordre. Cinq jeunes frères noirs dont Larry le chanteur du groupe, Algee Smith, et Fred, « manager » sont sur le point de se produire et chanter dans un théâtre qui ferme soudainement à cause des émeutes. Ils se réfugient dans un Motel, où la soirée va dégénérer, puisqu’il sera envahi par les forces de l’ordre. Celles-ci se partagent entre la police, la garde nationale et l’armée. Un vigile noir se joindra à eux Dismukes, solide John Boyega, qui permettra de faire le lien entre tous. La cinéaste pose la responsabilité de chacune de ces entités dans le conflit. Will Poulter, très bien casté est Philip Krauss un policier à la trompeuse tête blonde sympathique. Son acolyte Flynn, Ben O’Toole ne vaudra pas mieux et ce sera l’engrenage.
Kathryn Bigelow réussit une plongée glaçante dans cette suite d’événements dramatiques en les reconstituant dans un climat de tension extrême. On est aussi dans une ambiance musicale, où on évoque la Motown qui sera finalement décrétée musique pour les « blancs » par le héros, Larry.