Sweet Country, un titre bien sirupeux à l’opposé de ce western dramatique et âpre, inspiré d’une histoire vraie, réalisé par le cinéaste australien aborigène Warwick Thornton. Lauréat de la Caméra d’Or cannoise 2009 pour Samson & Delilah, il a remporté avec Sweet Country le Prix Spécial du Jury Orizzonti à la Mostra de Venise et le renommé Platform Prize au Festival de Toronto.
Le récit se situe en 1929, dans les étendues arides du nord Australien. Le tourmenté Harry March, Ewen Leslie, ancien soldat devenu alcoolique et violent, va s’imposer chez Fred Smith, Sam Neill (Jurassic Park, The Piano), propriétaire terrien charitable et progressiste . En l’absence de ce dernier, il va imposer sa loi et considérer Sam Kelly, Hamilton Morris, bouvier aborigène et sa femme comme ses esclaves. Un drame contraindra le couple à s’enfuir, vite poursuivi par les troupes du sergent Fletcher, Bryan Brown (Australia, Cocktail).
En plus de personnages fortement incarnés, la réalisation, tout simplement virtuose montre une réalité crue filmée lentement, avec simplicité et subtilité. De nombreux plans séquences composent le film dans des cadrages d’ensemble fixes absolument magnifiques. Le cinéaste et Dylan River signent tous deux la Photographie. La mise en scène n’est pas en reste et le cinéaste osera notamment une scène de viol dans le noir absolu, imposant au spectateur la pesanteur du temps en éloignant tout voyeurisme.
Warwick Thornton dresse à travers ce drame une réflexion sur la justice, celle des hommes et celle de Dieu. Le film regorge de thèmes divers : l’homme, la politique, les aborigènes et les tribus, le traître qui dénonce son égal, le mal-être voire la folie des vétérans. La justice, le pouvoir et la discrimination, des sujets qui résonnent très fort dans la société contemporaine.