Adaptation d’Une disparition inquiétante, roman noir de l’Israélien Dror Mishani, Fleuve Noir est un thriller sombre, acerbe et réussi, à la fois dans son déroulement, son rythme et un casting sans faute. Erick Zonca a coécrit son scénario avec Lou De Fanget Signolet. C’est un retour en force pour le cinéaste qui nous avait émus avec La Vie Rêvée des Anges, César du Meilleur Film en 1999. 

Au sein de la famille Arnault, Dany, le fils aîné, disparaît. Le commandant François Visconti, flic usé par son métier va prendre en charge l’affaire, sans pour autant parvenir à s’occuper de son propre fils adolescent. Tandis que la mère du disparu, Solange Arnault, livrée à elle-même avec sa fille handicapée apparaît totalement déboussolée, Yan Bellaile, professeur particulier de Dany va proposer son aide au policier sur l’enquête.

 

A la mise en scène rythmée, impeccable, s’ajoute une Photographie signée Paolo Carnera qui insuffle au récit une ambiance dure et froide. Le casting est aussi un élément narratif déterminant. Le cinéaste réunit en effet des acteurs dont le potentiel se décuple dans ce polar. Métamorphosé en flic écorché, mal rasé, cheveux gras, imper et costume, on a rarement vu Vincent Cassel prendre autant de risques sans se soucier de sa propre image, tant le rôle frôle parfois le répugnant. Il interprète un vrai personnage de roman noir, un rôle en or. Commandant solitaire en proie à l’alcool, François Visconti a bien du mal à gérer son fils, Denis, qui le provoque avec ses deals.

Il va souvent se confronter à Yann Bellaile, Romain Duris, dans des joutes verbales tendues, n’écartant personne de ses soupçons. Ce dernier est un prof bien sous tous rapport, père de famille, marié à Lola, Elodie Bouchez, dont le naturel fait plaisir à revoir au cinéma. Romain Duris, barbu, lunettes vissées sur le nez, détonne dans ce rôle d’homme posé et réservé, à l’opposé du charmeur grande gueule qu’on l’a trop souvent vu jouer auparavant. Il semblerait, comme dans Nos Batailles de Guillaume Senez, que le comédien se concentre maintenant sur la profondeur des personnages qu’il choisit d’interpréter et c’est tant mieux. Solange Arnault, Sandrine kiberlain, interprète une mère poule aux abois, qui protège sa fille handicapée mentale et tente de combler l’absence d’un mari parti en mer. On plonge dans ce thriller aux accents noirs et profonds, emmenés dans les méandres d’un récit qui nous tient véritablement en haleine.