Émerveillé, voilà l’état dont on sort de Dilili à Paris, dernier long métrage d’animation de Michel Ocelot (Kirikou et la Sorcière, Azur et Asmar). Le lumineux Dilili à Paris est une vraie plongée dans la culture et la vie. Ce conte complexe pour petits et grands prend place dans le Paris de la Belle Epoque et résonne dans le monde troublé d’aujourd’hui. L’exercice en est d’autant plus virtuose. Le film a ouvert le dernier festival d’Annecy.
Petite fille kanake, Dilili (Prunelle Charles-Ambron), vit dans la capitale française. Avec son acolyte Orel (Enzo Ratsito), un coursier à vélo triporteur, elle va enquêter sur de mystérieux enlèvements de petites filles.
Michel Ocelot met en scène le Paris de la Belle Epoque et fait revivre une centaine de personnages célèbres de la ville lumière. Avide de rencontre et de culture, la fascinante Dilili, note sur son carnet les noms de tous les personnages célèbres qu’elle rencontre, les saluant à chaque fois d’une une révérence fort polie. Matisse, Picasso, Suzanne Valadon, Debussy, Satie, Sarah Bernhardt… La petite fille s’adressera à de nombreuses femmes, des pionnières de ce début du XXe siècle. Michel Ocelot joue la parité et replace la femme dans l’histoire, dans un souci d’égalité. Il rend ainsi hommage à Louis Pasteur mais aussi au Prix Nobel Marie Curie, à la cantatrice Emma Calvet sorte de « bonne fée » pour Dilili. Celle-ci découvrira Colette sortant de scène qui jurera qu’elle « ne laissera plus son mari signer ses romans ». Toulouse-Lautrec dessinera La Goulue (de son vrai nom Louise Weber) icône de ce temps passé, qui danse au Moulin-Rouge. Dilili aura la chance de croiser Rodin, et l’oeuvre qui la séduira la mènera à Camille-Claudel.
Les décors du Paris Belle Epoque sont extraordinaires. L’architecture Art Nouveau dégage par elle-même une beauté et une harmonie profonde. Michel Ocelot a préféré construire son décor à partir de photos retravaillées et c’est splendide.
Toute cette mise en place de culture, d’art et de magnificence contraste avec l’obscure organisation que va découvrir Dilili. Les Mâles-Maîtres sont une dangereuse secte qui résonne terriblement dans le présent d’un monde où les droits des femmes ne font que reculer. Michel Ocelot embrasse sa responsabilité de cinéaste d’animation, et signe une oeuvre intelligente, profondément moderne et éthique.