Serenity de Steven Knight, obsession en eaux troubles

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Avec Serenity c’est dans un monde bien particulier que nous emmène le créateur, scénariste et producteur exécutif de la série Peaky Blinders. Après s’être illustré comme scénariste dans plusieurs films comme Dirty Pretty Things, de Stephen Frears, Steven Knight signe son troisième film en tant que réalisateur après Crazy Joe et Locke.

Avec un titre pareil il était à parier que la sérénité ne serait pas tout à fait au rendez-vous. Effectivement, le cinéaste réalise un thriller à l’ambiance moite, aux odeurs de poisson et aux effluves d’alcool, qui prend place sur une île perdue en mer, Plymouth, dans une ambiance de survie.

Serenity Unit Stills

C’est par une simple scène de pêche filmée comme une scène de chasse que le spectateur débarque dans le récit, avec la découverte de son héros, Baker Dill. Peau tanée par le soleil, cheveux lâchés en arrière, Matthew McConaughey (True Detective, Interstellar et Oscar 2014 pour Dallas Buyers Club) interprète ce capitaine de bateau à la dérive, vétéran de la guerre en Irak en proie à des obsessions et à l’alcool. Organisateur de parties de pêche pour touristes, Dill aura la surprise de voir son ex-femme Karen, pin-up blonde, Anne Hathaway, (Le Diable s’habille en Prada), réapparaitre et l’implorer de la sauver d’un compagnon violent, Jason Clarke (First Man de Damien Chazelle). Rattrapé par un passé longtemps enfoui, l’homme se confrontera au dilemme du bien et du mal et à une réalité aux apparences trompeuses.

Serenity Unit Stills

Ce qui frappe d’abord c’est le style affirmé de cette mise en scène qui s’apparenterait presque à un thriller de BD, un monde aux couleurs passées dans lequel se trouvent englués les personnages. L’intrigue est assez bien faite et il convient de se laisser aller dans ce récit ou peu à peu le divin, le paranormal semble prendre sa place. L’insolite est ici de mise et si l’on pouvait être quelque peu gêné au début par des effets appuyés dans la réalisation, et notamment dans certains plans filmés un peu à la va vite, on s’apercevra en dénouant les fils de l’intrigue tous les moyens narratifs se justifieront.