Rebelles est une comédie-thriller rock and roll et déjantée qui flirte parfois avec le western. Allan Mauduit renverse les codes et à la place d’une bande de gros bras masculins, transforme des ouvrières en caïds. Carrément jouissif. Le rythme de cette comédie aux personnages hors normes est effréné. Le réalisateur affectionne les sujets singuliers comme dans Vilaine avec Marilou Bery, co-realisé avec son comparse Jean-Patrick Benes. Il vise ici dans le mille avec une comédie délirante, trash et savoureuse qui surfe sur l’insolite et l’incongruité des situations.
Balayage californien, manteau en léopard, dégaine de cagole arrivée en direct de la côte d’azur, Sandra, ex miss Pas-de Calais, fabuleuse Cécile de France, débarque au camping de sa mère, l’Eden. Un vrai coin de paradis situé… à Boulogne sur mer, là où il fait toujours beau. Sans diplôme elle sera embauchée à la conserverie locale, « La Belle mer, depuis 1959 ». Refusant les avances d’un chef pressant, elle le tue malencontreusement. Deux de ses collègues sont témoins de la scène. Alors qu’elles s’apprêtent à appeler les secours elles découvrent un sac rempli de billets de banque. C’est là que les ennuis vont commencer…
En revenant dans sa région d’origine, telle une star déchue de son trône, l’ex-miss nord pas de Calais retrouvera ses connaissances du bahut, notamment la joviale Marilyn, Audrey Lamy, et y rencontrera la sage Nadine, Yolande Moreau, mère d’une famille pesante. Le trio accumulera sans le vouloir les situations ubuesques dans un récit rythmé et drôle avec des comédiennes qui excellent. On n’est pas avec une bande de mecs, mais avec une bande de filles qui en impose. Les ouvrières de blanc vêtues, mères pour deux d’entre elles, vont se métamorphoser en gangster. Malgré elles, les filles vont former un trio détonnant voire machiavélique.
Alors que l’on s’attendrait à revoir Sandrine Kiberlain avaler des harengs à n’en plus finir comme dans En avoir ou pas de Laetitia Masson où elle les mettait en boite, le ton est ici tout autre et le ballet de conserves sur les tapis d’usine filmés avec art comme un ballet. Malgré cela la réalisation est parfois un parfois peu chaotique, notamment le montage. La comédie prend quand même le dessus et nous emmène avec ces folles et rares héroïnes.