Daily Cannes ! The Dead Don’t Die, Jim Jarmusch ouvre le Festival de Cannes avec une fable sur l’écologie – Compétition Officielle

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Le Festival de Cannes s’est ouvert hier soir après la Cérémonie animée par Edouard Baer, avec le dernier long-métrage de Jim Jarmusch qui concourt en Compétition Officielle pour la Palme d’Or. Le cinéaste signe une comédie de genre audacieuse, drôle, politique qui est surtout un pamphlet pour l’écologie. Jarmusch revient à la signification première du mythe du zombie et s’inspire des romans et des divers films existants. Richard Matheson écrivait Je suis une légende en 1954, et George Andrew Romero, réalisait en 1968 La Nuit des Morts-Vivants (The Night of the Living Dead).

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Le cinéaste plonge avec quelques riffs de guitare cette histoire dans l’Amérique profonde avec sa campagne infinie, sa station essence, son poste de police, et son « diner », point névralgique de la vie de cette petite ville où se retrouvent les personnages. Mais dans l’ambiance tranquille de Centerville quelque-chose cloche. Le commandant de police et son acolyte remarquent que le soleil ne se couche pas alors qu’il est déjà tard. De nombreux éléments se détraquent, les animaux s’affolent. C’est alors que des morts sortent de leurs tombes et s’attaquent aux humains.

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Jarmusch réunit un casting alléchant, avec d’abord 3 flics de choc à lunettes. Le flegmatique commandant, Bill Murray, son coéquipier, le défaitiste Rony « Tout ça finira mal », Adam Driver et leur collègue, l’incrédule Mindy, Chloë Sevigny, qui ne croit rien, même ce qu’elle voit. Cheveux ultra longs blonds, sabre en bandoulière, Zelda Winston, Tilda Swinton est la nouvelle gérante des pompes funèbres. Son personnage fait penser à Michonne, Nadai Gurera dans Walking Dead, célèbre série qui manie les zombies avec brio dont la dixième saison est actuellement en tournage. Parmi tous ces protagonistes règne dans son domaine, à l’écart des autres celui qu’on appelle « Bob L’Ermite », Tom Waits, cheveux longs et barbu. L’homme de la forêt ressemble à un dieu tant il semble intouchable et observe la tragédie de loin. Ce protagoniste sera aussi la voix-off qui prendra en charge la narration et s’affirmera porteur de cette fable écologique.

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A travers l’emploi de ce genre particulier, Jarmusch réalise une critique du consumérisme américain. Ces zombies, comme à leur origine, sont des êtres obsédés par la consommation, Iggy Pop en incarne un (fameux) qui gémit « Café ! », un autre « Wifi ! », « Free cable ! » ou encore « bonbons », demandera une petite zombie. Les radios diffusent inlassablement des interviews d’hommes politiques insistants sur le fait qu’il n’y a rien d’inquiétant dans les changements pourtant observés par les habitants, clin d’œil à Trump et son refus d’admettre le changement climatique.

The Dead Don’t Die se révèle une très bonne comédie de genre, très drôle. On aime voir ce film en salle mais pas obligatoirement en Compétition Cannoise, qui récompense rarement des comédies, surtout qu’ici les procédés narratifs respectent la dramaturgie classique du cinéma à l’américaine.