Bigger Than US, un documentaire urgent à voir les yeux ouverts

Bigger Than Us, un titre qui sied parfaitement à l’urgence de ce documentaire réalisé par Flore Vasseur, coproduit par Marion Cotillard, Denis Carot (producteur de Vas, vis et devient de Radu Mihaileanu) et la cinéaste elle-même. Le film était projeté à Cannes dans la nouvelle section du festival, Le cinéma pour le climat. Ce long métrage populaire devrait être regardé par le plus grand nombre, les yeux grands ouverts. Il nous concerne, nous tous, humains.

Ce film choral nous propose un voyage à travers le monde guidé par une jeune activiste, Melati, co-scénariste du film avec Flore Vasseur. Originaire de Bali, la jeune femme part à la rencontre de sept personnages et à la découverte de leurs projets pour améliorer l’état des choses autour d’eux. On est fascinés par ces protagonistes hors-normes, ces jeunes qui dès leur plus jeune âge (12 ans pour certains) se sont dévoués à une cause juste, chacun à sa manière.

Flore Vasseur nous montre une génération qui a grandi avec le dérèglement climatique et les injustices sociales et se lève, prête à travailler pour contrer les défis du monde. Le lien au collectif, la chaine de solidarité citoyenne est posée comme une solution au manque d’action des politiciens. Ces jeunes, brillants dans leurs actions ont eux, l’énergie et la volonté que d’autres n’ont pas.

Réfugié au Liban à 12 ans, Mohamad a créé une école pour les jeunes réfugiés syriens qui vivent dans un camp dont 54% sont des enfants. A contrario des images médiatiques, le film personnifie le réfugié et s’aventure dans les détails. Il redonne un visage humain à une figure malmenée par les médias. Les statistiques prévoient 200 millions de réfugiés en 2050, alors qu’actuellement ils sont 80 millions. Mary, britannique de 22 ans, tente à Lesbos de sauver des vies humaines désespérées dans des embarcations de fortune qui traversent la mer. On est estomaqués de découvrir le cimetière de faux gilets de sauvetage. Probablement fabriqués en Turquie par des trafiquants, ils sont vendus mais ne sauveront personne.

Au Malawi, Memory a réussi à faire reculer l’âge du mariage des jeunes filles dans la constitution de 15 à 18 ans. Prouesse pour une si jeune femme, qui comme Mohamad, tente de prévenir par l’éducation les mariages forcés et le viol institutionnalisé. René, habitant des favelas de Rio au Brésil éduque lui aussi les foules grâce à son journal de résistance « Voz das Comunidades ». Il y met en lumière la vie difficile dans les favelas, totalement oubliée de l’univers médiatique brésilien.

C’est la voix de ces jeunes qui compte. Qu’on les entende, peu importe les moyens. Aux USA, celle de Xiuhtezcatl, jeune homme aux longs cheveux noirs et aux origines amérindiennes s’exclame en rap depuis ses plus jeunes années. Il réclame justice au nom des générations futures et dénonce la pollution et les maladies de la population générées par la fracturation hydraulique utilisée pour faire des puits d’hydrocarbures au Colorado. A l’opposé, Winnie, 25 ans en Ouganda, éduque à la permaculture les habitants afin de redonner vie à des sols morts et permettre aux populations de survivre. A 18 ans, celle que l’on suit dans son voyage à travers les continents, Melati lutte depuis six ans contre la pollution plastique qui a envahi son pays, l’Indonésie. Elle a fait interdire les sacs plastiques sur son île de Bali. Le spectateur ne peut qu’adhérer à son action et ressortir incrédule de la vision d’une scène finale montrant une décharge de plastique digne de Mad Max, l’horreur. Des grues se succèdent au-dessus les unes des autres sur ce tas de déchets que l’on dirait infini par l’ascension que nous propose la caméra.

Le documentaire pose une vision dichotomique sur l’état de notre monde. Il dresse un portrait dramatique de notre planète qui doit tous nous alerter, mais véhicule aussi l’espoir à travers ses personnages jeunes, brillants et hors du commun qui a leur échelle, on peut le dire, soulèvent des montagnes.

Pour prolonger la réflexion, en savoir plus sur le film et pourquoi pas, agir rendez-vous sur le site du film!

Entretien avec Flore Vasseur très bientôt!