Bergman Island de Mia Hansen Love, l’inspiration par la nature

Dans Bergman Island, Mia Hansen Love nous emmène sur l’île de Faro en Suède, où a vécu et tourné Ingmar Bergman. La cinéaste transforme ce lieu en une source de connaissance sur le maître et comme cela le fut pour lui, un foyer d’inspiration créatrice. Elle signe un film délicat sur la création. Bergman Island était en Compétition Officielle au 74ème Festival de Cannes.

Un couple d’américains se retire pour l’été sur l’île suédoise de Faro. Les deux cinéastes ont décidé d’y écrire les scénarii de leurs prochains films. Une grande maison blanche et un moulin les accueillent pour écrire, chacun son endroit pour travailler. Chris, Vicky Krieps et Tony, Tim Roth, interprètent ce couple venu trouver l’inspiration au calme de cette nature grandiose. Au gré de la découverte de l’île, de sa nature sauvage et du patrimoine bergmanien présents, l’inspiration prend sa place d’une manière surprenante et douce. Le couple découvre un véritable coin de paradis. Cette île sauvage entourée par l’océan qui porte la mémoire d’un cinéaste et où les touristes affluent est le personnage principal du récit.

Gros point fort de Bergman Island, le scénario est extrêmement bien écrit et délicat. La réalité va peu à peu se mêler à la fiction. Les personnages inventés arriveront dans le réel et vice versa, pour le plaisir du spectateur. Usant des thèmes chers au cinéaste Bergman comme l’introspection, le couple, le doute, etc., la cinéaste questionne l’oeuvre du cinéaste aujourd’hui. Elle pose aussi la question très contemporaine faisant suite aux accusations envers Polanski: Faut-il séparer l’homme de l’artiste pour le juger ? Chris apprend que Bergman avait 9 enfants de plusieurs femmes différentes et fut loin d’être un père attentionné. Un autre personnage mettra en cause son rapport à l’armée durant la seconde guerre mondiale, lui que l’on sait avoir eu des sympathies nazies. Mais à Bergman Island la mémoire du cinéaste est reine : Faro Museum, Bergman Safari… Tout rappel le cinéaste, sans juger l’homme. Une salle de projection permet de visionner ses films en 35 millimètres. Après avoir découvert Cries and whispers, Chris défendra l’idée qu’il s’agit d’un film d’horreur sans catharsis, car un film d’horreur s’annonce d’emblée comme faux, pas réel, contrairement à cette oeuvre.

Après quelques découvertes, l’esprit de Chris se met à vagabonder et le scénario de son court-métrage est empreint des milles inspirations que lui insuffle l’ïle de Faro. Elle racontera à Tony et par la même occasion au spectateur le scénario de son court-métrage The white dress avec Mia Wasikowska et Anders Danielsen Lie. On est charmés par l’imbrication des éléments, des protagonistes qui se côtoient dans des mondes différents, entre le réel et l’imaginaire, en douceur.