
Second long métrage de Fabien Gorgeart après Diane a les épaules,La Vraie Famille est un drame familial intense, juste et sensible qui s’inspire de l’histoire du cinéaste. Le long métrage confirme l’acuité de regard que porte Fabien Gorgeart sur des sujets un peu en marge de la société et qui dérangent. Il pose le doigt là où ça fait mal pour constater un état de fait, ouvrir les mentalités à travers ses fictions, le tout dans un souci du détail et d’équilibre, à l’opposé de tout manichéisme.
Anna, Mélanie Thierry, vit avec son mari Driss, Lyes Salem, ses deux enfants et Simon, Gabriel Pavie, un enfant placé dont elle à la garde depuis ses dix-huit mois. Aujourd’hui Simon a six ans. Son père réclame sa garde. Anna sait qu’elle doit faciliter le retour de l’enfant chez son père, malgré tout ce que cela implique.
C’est les vacances et le cinéaste nous plonge dans le quotidien de cette joyeuse famille proche de la perfection. La mise en scène classique est appuyée par un casting de choix qui participe grandement à la réussite du récit. Mélanie Thierry est bouleversante en mère de famille qui tente de faire au mieux pour élever un enfant orphelin de mère qui l’appelle maman. Le film est vu de son point de vue. Celui d’une mère d’adoption aimante qui va devoir un jour laisser partir Simon, l’enfant qu’elle élève depuis ses 18 mois. Le cinéaste met en lumière cette zone d’ombre juridique et émotionnelle entre l’attachement, l’amour d’une mère, celui de toute une famille (frères adoptifs inclus) pour un enfant et l’obligation du retour de celui-ci dans sa famille biologique, constituée ici par un père défaillant, Eddy, Félix Moati, ravagé par le décès de sa femme.
L’aide sociale à l’enfance annonce aux familles d’accueil : « Aimez le, mais pas trop ». Injonction absurde et paradoxale quand on sait qu’il s’agit d’humain, de sentiment, d’éducation et de l’accueil d’un enfant dans une famille aimante. La musique de Gabriel des Forêts accompagne la vie de ces protagonistes avec beaucoup de sensibilité. Fabien Gorgeart montre l’incohérence et l’inhumanité existant entre la notion de travail d’assistante familiale et l’accueil d’un enfant en famille, qui relève de beaucoup de choses mais certainement pas de traitements administratifs ni de processus.