Les Passagers de la nuit de Mikaël Hers, la poésie urbaine à l’état pur

Après l’époque désenchantée d’Amanda, une chronique dramatique post attentats terroristes à Paris, Mikhael Hers poursuit son portrait de parisiens avec Les Passagers de la nuit, un récit familial et nocturne dans les années 1980. Il décrit une nouvelle fois une réalité troublante et emplie de poésie. On est décidément charmé par la justesse de regard que porte ce cinéaste sur un collectif de personnages bien campés en plein Paris et sur une époque, celle des 80’s, les années Mitterrand. Le cinéaste a co-écrit le scénario avec Maud Ameline et Mariette Désert. Le film était sélectionné à la 72ème Berlinale.
A lire aussi: Entretien avec Mikaël Hers.

10 mai 1980. Des passants défilent joyeusement dans Paris, une rose à la main. Elisabeth vient d’être quittée par son mari et doit s’occuper de ses deux adolescents, Matthias, Quito Rayon-Richter et Judith, Megan Northam. Elle trouve un travail dans une émission de radio nocturne, où elle rencontre Talulah, une jeune fille en perte de repères. Touchée par celle qu’elle qualifiera de « petit oiseau », l’ex-épouse au foyer va prendre la jeune femme sous son aile.

Ce sont sept années d’une cellule familiale à travers ces personnages attachants que nous donne à voir, à sentir et presque à toucher Mikaël Hers, tant une sensibilité forte émane de son long métrage. Il ancre son scénario dans une époque ; celle du renouveau avec l’arrivée au pouvoir d’une gauche attendue en France, celle des années Mitterrand, la joie et l’espoir de tous les possibles.

Le cinéaste réunit un casting puissant. Charlotte Gainsbourg longue chevelure indomptable incarne avec tendresse cette Elisabeth désemparée, femme au foyer qui n’a jamais travaillé suite à l’abandon de son mari. Un personnage dont la faiblesse n’aura d’égale que sa force insoupçonnée. Quito Rayon-Richter et Megan Northam, les deux découvertes du film, crèvent l’écran en frère et soeur. Noée Abita (Ava de Léa Mysius, Slalom de Charlène Favier) quant à elle, nous surprend encore une fois avec sa voix enfantine, métamorphosée en punkette habillée de cuir au khôl entourant ses grand yeux innocents. Emmanuelle Béart, protégée par un costume masculin prête sa voix envoûtante à l’émission de radio intime nocturne des Passagers de la nuit. Un choix très judicieux, tant la voix chaleureuse de la comédienne envoûte les espaces de la nuit, des tours et de cette cité en banlieue parisienne à l’appartement d’Elisabeth.

Si la musique originale est signée Anton Sanko, une bande-son des années 80 énergise l’ambiance sonore du film. Joe Dassin, les Smiths… Ceux qui l’ont connue plongeront dans cette époque décrite avec un minutieux souci du détail. Au cinéma on projette Birdy, tandis que Talulah postulera au casting d’Un Monde sans pitié. De quoi rappeler au spectateur de chaleureux souvenirs!