RMN, Cristian Mungiu scanne les couacs de l’Europe à l’échelle d’un village roumain

Le cinéaste roumain Cristian Mungiu, Palme d’Or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, présentait en mai dernier son dernier long métrage, RMN en Compétition Officielle à Cannes. Le cinéaste scrute l’Europe par le prisme d’un village de Transylvanie. Il y observe le populisme et la xénophobie qui s’y développent mais aussi les incohérences de l’Europe du travail, sa fracture sociale et ses habitants déracinés.

Matthias revient dans son village de Transylvanie pour y retrouver son fils et veiller sur son père âgé. Quand l’usine de Csilla, son ex petite-amie, décide de recruter des travailleurs étrangers, le petit village fulmine. Les frustrations et conflits font surface chez les habitants.

RMN est une oeuvre complexe et mature, du grand Mungiu. Matthias, revient d’Allemagne où il travaille, car tous au village travaillent à l’étranger. Pour obtenir les subventions européennes, la patronne de l’usine embauche des travailleurs étrangers. Des Sri Lankais déplacés dans un village de Transylvanie que les habitants xénophobes obligent à sortir de l’église, voilà l’état des lieux que dresse Cristian Mungiu. Des aberrations logistiques pensées au niveau européen entrainent des conflits dans ce village ou la pauvreté stagne et ce qu’il en ressort chez les habitants est très laid, comme le racisme et la violence. Matthias apprend à son fils à purifier l’eau, à faire du feu, chasser et surtout « ne pas avoir pitié » car dans ce cas, on meurt avant l’autre.

Un monde sans pitié. Voilà ce que donne à voir Cristian Mungiu au sein de ce village multi-ethnique. De la chaine d’abattage des animaux à celle de l’âme humaine à l’échelle mondiale, Mungiu lance un cri d’alarme. Un grand film au pays des ours.

Au Casting : Orsolya Moldován, Marin Grigore, Judith State et Macrina Barladeanu.

A lire aussi: Entretien avec Cristian Mungiu pour Baccalauréat.