
Bones and All est un film de genre démentiel signé Luca Guadagnino qui lui a valu le Lion d’argent pour la meilleure mise en scène à la Mostra de Venise. Le réalisateur de Call me by your name (Oscar du meilleur scénario adapté) est aussi celui du remake du sanguinolent Suspiria de Dario Argento. Ces films mis en perspective, Bones and all inspiré de la nouvelle éponyme de Camille DeAngelis apparait comme la suite logique de ces long métrages aux antipodes. Une histoire d’amour avec tout ce qu’elle suppose de hors normes.
Maren, 16 ans, apprend à vivre en marge de la société. Dans un road trip initiatique, la jeune femme va rencontrer différents personnages mystérieux et plutôt inquiétants, notamment Lee, un marginal à qui elle va s’attacher. Le duo va parcourir des kilomètres pour revenir à ses racines. Ils traverseront les routes délaissées de l’Amérique profonde de Ronald Reagan. Ils croiseront Sully, drôle d’homme au chapeau à la plume, campé par le fantastique Mark Rylance. L’homme est âgé mais se transformera dans une vision subliminale en nourrisson, marcel et slip blanc pour tout vêtement. Sur cette route dangereuse, tout ramènera les deux jeunes acolytes, malgré eux, à leur démons.
Luca Guadagnino met en scène un premier amour dans une ambiance diaboliquement ensorcelante. Aussi tordu que soit le scénario, l’histoire se déroule, parfaitement logique, pourvue d’une très forte dimension psychanalytique. Cannibales, vampires, monstres, la dimension fantastique prédomine dans le récit un soupçon gore. Au casting, la jeune première qui incarne Maren livre une prestation exceptionnelle. Taylor Russel a décroché le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir à la Mostra de Venise. Maren est une protagoniste très intéressante. Coincée dans une nature qu’elle refusera et alors qu’autour d’elle tout la mène inexorablement vers l’échec, elle poursuivra un parcours initiatique semé d’embûches. Chaque rencontre apprendra la vie à la jeune fille qui découvrira des informations sur son être profond en même temps que le spectateur, tout estomaqué qu’il est. Timothée Chalamet, la peau sur les os intérprète Lee, ce jeune homme brut et direct. Un film à voir absolument, pour son incroyable créativité, sa minutie, ses acteurs et sa folie parfaite!