Daily Cannes ! The Seed of the sacred fig, un chef d’oeuvre de Mohammad Rasoulof – Compétition Officielle

Mohammad Rasoulof a-t’il renversé tous les pronostics du Palmarès en fin de festival de Cannes?
Projeté en Compétition Officielle ce vendredi avant la clôture du festival ce 25 mai The seed of the sacred fig (Les graines du figuier sauvage) est une œuvre majeure, un thriller glaçant et captivant qui parle de la réalité des événements qui ont lieu dans la société iranienne depuis septembre 2022 suite à la mort de la jeune Mahsa Amini lors de son arrestation pour non port du voile.  Cet excellent thriller filmé dans la clandestinité mérite bien une Palme d’or car il a déjà celle du courage. Mohammad Rasoulof a reçu le Prix Un Certain Regard en 2017 pour Un Homme intègre et Le Diable n’existe pas l’Ours d’Or à Berlin en 2020. Condamné à 8 ans de prison en Iran il y a deux semaines, le cinéaste a fui le pays et était présent ce vendredi à Cannes pour monter les marches du Palais des Festivals.

« Mon film parle d’endoctrinement. Je ne sais pas ce que cela signifie dans les autres langues, en Persan il s’agit littéralement donner son cerveau à un autre ». Mohammad Rasoulof en conférence de presse à Cannes le 25 mai.

Dans un Téhéran secoué par des troubles politiques et sociaux. Le juge d’instruction Iman découvre que son arme a disparu, il soupçonne sa femme et ses filles, imposant des mesures draconiennes qui mettent à rude épreuve les liens familiaux. Le casting est parfait avec des acteurs profondément investis dans leur rôle. Un mari pris par ses obligations Iman, Missagh Zareh et son épouse dévouée Najmeh, Soheila Golestani élèvent deux jeunes filles adolescentes qui aspirent à vivre avec toutes les joies que suppose leur âge, Sana et Rezvan, incarnées par les pétillantes Setareh Maleki et Mahsa Rosatmi (elle-même blessée et alitée lors des manifestations). Reza Akhlaghirad (Un Homme intègre)interprète Ghaderi, un collègue du père.

Le film commence par un huis clos pour devenir progressivement un thriller à la fois oppressant et passionnant. Le cinéaste réussit une incroyable métaphore de la société iranienne actuelle en observant la désintégration d’une famille. Dans la vie quotidienne de ce microcosme la place de chacun des protagonistes glissera peu à peu, posant la question cruciale de la confiance des individus les uns envers les autres comme c’est le cas en Iran actuellement.

Cette fiction témoigne sur le grand écran d’une intense vérité derrière la fiction ce qui démultiplie son impact narratif. Le cinéaste insère des images réelles de la répression des manifestations issues de téléphones portables et diffuse la violence brutale qui s’est déroulée dans les rues iraniennes. Par ce procédé il modifie le statut des images souvent issues des réseaux sociaux pour les graver dans l’Histoire du cinéma en une œuvre cinématographique majeure. Une Palme on vous dit…