Avec Un Homme Intègre, Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof réussit un thriller psychologique et politique faisant état de la lutte d’un homme face à une corruption généralisée dans son pays. Le film a remporté cette année le Prix Un Certain Regard à Cannes. Le cinéaste avait déjà obtenu celui de la mise en scène dans la même catégorie en 2011 pour Au Revoir. Suite à la réalisation d’Un Homme Intègre, le cinéaste fait face à de très graves accusations en Iran où il risque six ans de prison (voir plus bas).

Reza, paisible pisciculteur, vit à la campagne avec son fils et sa femme Hadis, Soudabeh Beizaee, directrice d’école. Ils ont quitté Téhéran pour s’installer dans le nord de l’Iran afin que Reza puisse se consacrer à l’élevage de poisson d’eau douce dans le bassin devant leur maison. Mais une compagnie privée a des vues sur son terrain et est prête à tout pour le contraindre de vendre. C’est le début des problèmes pour cet homme courageux aux prises avec une mafia hyper organisée au sein d’une société corrompue où le pot de vin domine. Comment se battre contre ce système sans y entrer ?

Reza, Reza Akhlaghirad, va dès le début refuser de payer un pourboire au banquier pour régler une partie de ses dettes. Il est honnête homme. On sent dès le début par son regard noir qu’une colère sourde gronde et que l’homme ne sera pas prêt à plier. Comme Candide, il va être lâché dans ce monde kafkaïen où de fausses lois se créent à chaque minute. Il devra se battre dans cette jungle pour sauvegarder ses valeurs.

La mise en scène est efficace, on est assez proche des personnages. La tension est constante à part quelques moments nécessaires d’apaisement pour Reza un peu « hors du temps », filmés de manière presque irréelle lorsqu’il se cache dans sa grotte pour se baigner et boire de l’alcool issu ses pastèques. Le cinéaste nous offre alors un tableau d’une beauté rare, l’homme submergé dans l’eau et la brume, moment où l’on pénètre dans le mental du personnage. La sexualité est aussi doucement suggérée par des plans montrant son épouse qui enlève son voile et part vers lui sous la douche. La casserole d’eau déborde alors…  Ou par un simple regard de celle-ci à un autre moment.

Mohammad Rasoulof dépeint une société gangrenée par une corruption généralisée et tentaculaire mais aussi très conservatrice. La religion atteint ainsi l’extrême lorsque l’on empêche une famille effondrée d’enterrer sa fille dans un cimetière parce qu’elle n’est pas musulmane. Le fils d’Assad viendra aussi fouiller la maison de Reza « au nom de la mosquée », en se comportant avec ses sbires comme une sorte de milice. Un Homme Intègre apparait comme un film nécessaire dans une société qui refuse de faire face à ses démons.

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Suite à la réalisation de ce film Mohammad Rasoulof est accusé par les autorités iraniennes « d’activités contre la sécurité nationale » et de « propagande contre le régime ». Il risque six ans de prison. Une pétition visant à soutenir la « liberté d’expression » de Mohammad Rasoulof a été lancée et signée par de grands noms du cinéma. Aujourd’hui plus de 15 000 personnes ont signé. Vous pouvez vous aussi soutenir le cinéaste par ici