Au Nom de La Terre est un drame familial réalisé par Edouard Bergeon qui se déroule dans le milieu agricole. Le cinéaste avait déjà fait ses armes auparavant sur « Les fils de la terre« , un documentaire ayant pour sujet le suicide des paysans français. C’est l’histoire de son père à qui ce long métrage est dédié et de sa famille, qu’Edouard Bergeon met courageusement à distance, pour écrire et réaliser cette fiction, forcément poignante. Le film est projeté au FIFF à Namur en exclusivité, catégorie « Pépites ». (Entretien avec Edouard Bergeon)
A 25 ans, Pierre rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée, et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, les temps se révèlent difficiles et l’élevage de chevreaux ne suffit plus. Pierre veut agrandir la ferme. Il accumule les dettes et la charge de travail.
C’est une vie simple que nous dépeint le cinéaste, celle d’une famille plutôt heureuse avec deux ados, à la campagne. La mère, très juste Veerle Baertens est comptable de métier et à la ferme, le fils Thomas, Anthony Bajon se partage entre sa passion pour le vélo et l’aide à la ferme. Il a aussi une jeune soeur, Emma, Yona Kervern. Le père se démène, aidé par Mehdi, Samir Guesmi. Dégarni, moustachu, Guillaume Canet est surprenant de charisme dans ce rôle dans lequel il s’investit grandement.
Pierre se déclare entrepreneur pour s’en sortir, et c’est là que la mécanique déraille. L’augmentation du nombre d’animaux, l’agrandissement de la ferme enclenchent les dettes. La méthode de travail de Pierre (un poussin grandit de deux kilos en 35 jours), sera fermement désapprouvée par Jacques, son père agriculteur, Rufus, au visage marqué par le travail. Une relation conflictuelle qui creuse le fossé entre les générations de fermiers. L’époque est aux normes européennes pour les agriculteurs. Il faut s’agrandir, investir toujours plus et donc s’endetter. L’histoire très personnelle du réalisateur filmée de manière très classique, retentit fortement dans notre société. Le film rappelle humblement à la fin par un simple titrage qu’aujourd’hui, en France, un agriculteur se suicide chaque jour.