1er long-métrage de Ladj LY, Les Misérables était à l’origine un court-métrage nommé aux Césars en 2018. Le cinéaste a fait ses premières armes au cinéma dans le collectif Kourtrajmé qui a pour objectif de tourner des courts en banlieue. Originaire de la cité des Bosquets, à Clichy-Montfermeil, Ladj Ly y place l’intrigue de son film. Les Misérables a décroché le Prix du Jury au Festival de Cannes. Maitrisant parfaitement son sujet de fait parfaitement documenté, on sent un regard vrai sur ce milieu, qui ne triche pas avec ses personnages. Et c’est la fracture sociale et la colère des jeunes que l’on retiendra de cette fiction pleine de vérité.
Fraîchement arrivé de Cherbourg, Stéphane, Damien Bonnard, intègre la BAC, la Brigade anti-criminalité de Montfermeil en banlieue parisienne. Il va se greffer au solide duo de flics Chris, Alexis Manenti et Gwada, Djebril Zonga. Il découvre les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent dépassés lors d’une interpellation, un drône filme leurs faits et gestes.
Ce thriller en banlieue, confronte flics et bande de jeunes, en n’oubliant pas que chacun à une vie personnelle. On notera tout de même quelques passages un peu inégaux dans le film, et l’on aurait aimé un nouvel arrivé (Stéphane) un peu moins mutique et novice (puisqu’il a été flic ailleurs) dans sa rencontre avec ses acolytes.
Ladj Ly était venu en bande monter les marches du festival de Cannes pour présenter son film. Et la salle surchauffait déjà avant la projection, quelques cris accueillant le réalisateur, et même celui de « Kourtrajmé ! ». Non seulement la salle était bondée d’amis, mais on note la présence remarquée et le soutien de Vincent Cassel, Mathieu Kassovitz, JR… Reprendre Victor Hugo version banlieue 2019 était audacieux. Comme La Haine en son temps, Les Misérables restera un film événement dans la cinématographie française.