Nous y sommes. Ce 12 mai 2020 devait voir Spike Lee présider le 73ème Festival de Cannes. Je devais être sur les starting-block pour entamer un marathon émotionnel inégalable en choisissant méticuleusement le film que j’allais voir, l’aventure et les personnages dont je partagerais la vie le temps d’une séance au générique mythique des marches du Palais… coréen, américain, marocain, français, belge ?

Cette jolie ville de bord de mer aux douces maisons couleur terre me verrait encore m’écorcher les pieds à la traverser en courant entre deux projections, critiques et interviews. A Cannes le dress code est de mise : pas de baskets sur le tapis rouge, Amen. Le Festival de Cannes est un sas effréné d’une dizaine de jours, un bonheur incommensurable pour les amoureux du cinéma. Foncer dans les files dès 7h30 du matin et se promettre de ne plus jamais assister à une projection si tôt car on s’est couché tard pour écrire… Croiser des jeunes femmes en robes du soir aux bras d’hommes en smoking dès l’aube… Côtoyer des stars à un coin de rue. Comble du synchronisme Jean Dujardin portait bottes et blouson en daim l’année dernière, pour le très décalé Le Daim de Quentin Dupieux. On l’aurait cru sorti de l’écran pour se balader nonchalamment dans les pittoresques ruelles cannoises rejouant La Rose Pourpre du Caire de Woody Allen. C’est peut-être ce côté inattendu du festival dans et hors écran qui me rappelle que je vis au pays du surréalisme. Tout a un sens.

Les distributeurs belges sont bien sûr présents à Cannes, qui constitue l’un des plus grands marchés mondiaux pour le secteur et ça, pour nous permettre de découvrir le meilleur de la production cinématographique mondiale en salle. Eux aussi courent sur la Croisette pour dénicher des pépites que nous verrons dans nos salles.

September Film (Parasite, Palme d’Or 2019), Cinemien (superbe Lazzaro Felice, Prix du Scénario 2018), Imagine (Les Hirondelles de Kaboul), Lumière (The Square, Palme d’Or 2017) et tous les autres comme Paradiso (Les Misérables, Prix du Jury 2020), O’Brother etc.

Saluons l’initiative de Cinéart qui organise son propre Festival de Cannes avec certains des nombreux titres de son catalogue ayant connu les honneurs du fameux tapis rouge avec un joli palmarès de 19 Palmes d’Or. Du 12 au 23 mai (dates originelles du festival), deux films seront ainsi proposés à voir ou à redécouvrir. Un premier en Sélection Officielle et un deuxième en section parallèle. Soit 24 titres choisis suivant deux critères : que le film fasse encore partie du catalogue Cinéart et qu’il soit disponible en VoD en un clic. Une fois ces conditions remplies les choix de l’équipe sont ceux du coeur : « Nous avons fait parler nos goûts et interrogé nos souvenirs, et la meilleure mémoire est celle du cœur… D’ailleurs, au fil de cette quinzaine, chaque membre de notre équipe se fera un plaisir de vous partager son petit coup de foudre personnel ». La sélection sera disponible sur les différentes plateformes jusqu’au 22 juin. Rendez-vous dès ce mardi 12 mai pour (re)découvrir les pépites de Cinéart ici : Once Upon a Time à Cannes Cinéart

Thierry Frémaux Délégué Général du festival et son Président Pierre Lescure n’ont pas dit leur dernier mot et pour aider le secteur les équipes du Festival de Cannes organiseront un Marché du film online du 22 au 26 juin qui permettra aux films de profiter du label Cannes 2020.

Face à la crise mondiale Cannes s’associera également cette année à un festival exceptionnel :  We Are One : A Global Film Festival. L’événement se déroulera du 19 mai au 7 juin sur Youtube et sera coorganisé par vingt grands festivals internationaux. Annecy, Berlin, Tokyo, Jerusalem, Sundance, Venise, entre autres, se chargeront de leurs propres programmations pour une diffusion de films sur la plateforme. Longs métrages, courts métrages, documentaires mais aussi de la musique et des tables rondes virtuelles seront au rendez-vous de ce festival mondial inédit, qui permettra de (re) découvrir des œuvres récentes diffusées par les festivals impliqués.

Les tournages s’étant arrêtés suite à la pandémie mondiale la production cinématographique promet pour 2021 d’être moins dense. On attend donc moins de films mais pas moins qualitatifs pour autant.

Rendez-vous on l’espère, sur la Croisette en 2021 pour un Festival de Cannes étincelant.

Photos © Stéphanie Lannoy