Les choses humaines d’Yvan Attal, enquête à la recherche d’une vérité

Les choses humaines est un film de procès passionnant sur fond d’ère post #MeeToo réalisé par Yvan Attal. Le cinéaste nous emmène à la recherche de la vérité, en suivant les méandres psychologique des protagonistes. Ce drame est l’adaptation du onzième roman de Karine Tuil qui s’inspire de l’affaire d’une jeune femme victime d’un viol sur le campus de l’université de Stanford en 2015. Le scénario est signé Yaël Langmann et Yvan Attal. Le film était présenté hors Compétition à la Mostra de Venise.

Doté d’une célèbre mère essayiste et d’un père journaliste star de télévision,le jeune Alexandre est bien né. Lors d’un rapide passage à Paris chez son père, l’étudiant à la célèbre l’université de Stanford se retrouve accusé de viol. Qui est-il ? Qui est Mila, la jeune femme qui l’accuse ? Les deux jeunes gens et leurs proches verront soudainement leur vie voler en éclats.

Le film respecte la construction du roman déjà fort intéressante. Dans la première partie on suivra ainsi Alexandre, la seconde on s’intéressera à Mila en flash-back. Fille du compagnon de sa mère Adam, Mathieu Kassovitz, Mila a 17 ans. Interprétée par Suzanne Jouannet, elle est la révélation du film. Tout le long du récit on assistera aux événements en cause, durant une soirée, par flashs dont la conclusion complexe est à saluer. La mise en scène à l’image léchée est minutieuse, reflet de ce monde cosy parisien chic et bourgeois.

Le sentiment de réalité est très fort dans ce film, notamment par la présence des acteurs. Ben Attal, jeune fils du cinéaste joue également le fils de la bouleversante Charlotte Gainsbourg, Claire, essayiste et féministe. Son père figure charismatique, est interprété par Pierre Arditi balourd et vieillissant, une sorte de vieux beau séducteur à succès TV et amant de la stagiaire blonde. La ressemblance de Ben avec ses deux parents ajoute au trouble notamment lors d’un discours au procès de sa mère Claire. Dans un moment déchirant cette mère du jeune homme accusé se questionne elle-même : Qui doit témoigner? La féministe en elle ou la femme?

Les choses humaines est un très bon film qui tient à la fois du thriller et du film de procès menant l’ambiguïté à son paroxysme. Les avocats sont d’ailleurs incarnés par deux sociétaires de la Comédie Française et non des moindres, Benjamin Lavernhe et Judith Chemla. C’est aussi une réflexion sur les vies brisées. Quoi qu’en fasse la justice, la vérité restera là où elle est. Le regard que pose le spectateur sur Alexandre va se modifier peu à peu jusqu’au doute. Qu’en est-il de la vérité demande Yvan Attal, est-elle unique ? Grande question du film prolongée par le spectateur bien au-delà.

Photos © Jérôme Prebois