Haut et fort, Nabil Ayouch sonde les battements de coeur de la jeunesse marocaine

Dans Haut et fort (Casablanca Beats) Nabil Ayouch sonde les battements de coeur d’une jeune génération marocaine étouffée, portant en elle un criant besoin de liberté d’expression. Haut et Fort est un film rythmé, populaire et essentiel pour cette génération. Ce film choral décrit la liberté d’expression essentielle à la survie dans une société marocaine divisée. Les jeunes créent, écartelés entre les traditions, la religion, la famille et la liberté, notamment celle des femmes. Le film était sélectionné en Compétition Officielle au dernier Festival de Cannes. A lire aussi: Entretien avec Nabil Ayouch.

On est emmené par la démarche chaloupée d’un grand personnage taiseux à l’esprit vif, sweat à capuche et baskets. Prof de Hip Hop, Anas, Anas Basbousi, débarque dans un quartier inconnu pour enseigner au centre culturel, la Positive School. Le Hip Hop a été inventé historiquement dit-il, « à cause du racisme, de la pauvreté et de l’humiliation ». Ce professeur hors norme poussera dans leurs retranchements ses élèves, les incitant à puiser au plus profond d’eux-mêmes leur inspiration.

La forme du long métrage assez douce révèle la puissance d’un récit musical rythmé, dansé et rappé. Ce film choral nous dévoile des bribes de vie d’élèves, une génération contrainte qui vit dans la misère. Des familles où l’on dort souvent à plusieurs dans un logement exigu, où règne parfois la violence et où les débats sont inexistants. Comment s’exprimer dans les limites dans ce cadre, dans cette société ? Nabil Ayouch met en scène des personnages attachants, jeunes, qui se débattent pour devenir adultes contre une réalité difficile, comme ces jeunes rappeuses qui battent le rythme en clamant leur quotidien de jeunes femmes. Tout ça sur fond de quartier qui a vu se transformer des jeunes en terroristes, partis au combat pour le pire.