Sous les Figues, une oeuvre solaire de Erige Sehiri

Sous les figues (Under the fig trees) est le deuxième long métrage d’Erige Sehiri qui réalise une oeuvre solaire sur les travailleurs durant la récolte des figues au nord ouest de la Tunisie. Le film faisait partie, à juste titre, de la brillante sélection présentée en Première à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Il a également remporté le Bayard d’Or au dernier Festival du Film francophone de Namur (FIFF) et représentera la Tunisie aux prochains Oscars.

Erige Sehiri pose un regard à la fois charmant et acerbe sur une journée parmi les cueilleurs de figues en Tunisie. Son point de vue est extrêmement délicat et lumineux, singulier également, dans son cadre comme dans son approche. La réalisatrice décrit tout aussi bien les conditions de travail de ces personnes en s’attachant à filmer leurs gestes mais elle ne s’arrête pas à ce constat. Elle s’intéresse aussi à leurs vies, aux intrigues naissantes sous les branches du verger. Ce film choral nous présente un groupe et ses individualités avec tous leurs contrastes. En majorité des femmes, de tous âges, vêtues de longues robes peu pratiques qui grimpent à l’aube à l’arrière d’un pick up auquel elles s’accrochent comme elles le peuvent, avant d’entamer une journée de labeur au milieu des vergers. Erige Sehiri créé tout un espace sous les figuiers, entre les feuillages qui deviendra le théâtre de milles et une histoires, belles ou même honteuses.

La qualité de cette fiction poétique où jaillissent des histoires de coeurs et de marivaudage est accrue par un attachement très fort à la réalité du travail. Une grande attention est portée aux gestes, minutieux, précis. On ne casse pas les branches des figuiers, bête noire des cueilleurs. Derrières les peines de coeurs de ces multiples personnages, on découvre des salaires de misère délivrés presque à la tête du client, sans contrat et au bon vouloir de l’agriculteur.