« Fabriquer des images manquantes » Blandine Lenoir, Annie Colère

Actrice et réalisatrice, Blandine Lenoir traite dans ses fictions de sujets sociétaux profondément humains et dévoile souvent une réalité rare au cinéma avec légèreté et humour. Agnès Jaoui fondait ainsi sous ses bouffées de chaleur ménopausiques taboues dans Aurore. Dans son denier long métrage, Annie Colère, Blandine Lenoir s’attelle à compléter les blancs de l’histoire de France en une comédie dramatique passionnante qui réhabilite sur le grand écran les luttes pour l’avortement à travers le rôle primordial du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception) dans les années 70. Outre les valeurs positives dont se nourrit son cinéma, la cinéaste entretien des collaborations fidèles. Elle enchaîne les films avec « son double », la pétillante Laure Calamy et coopère côté musique avec le non moins talentueux mélomane Bertrand Belin. Entretien à coeur ouvert à l’occasion du festival du film francophone de Namur.

Stéphanie Lannoy : Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de réaliser ce film, Annie Colère ?
Blandine Lenoir : Quand j’ai découvert l’histoire du MLAC qui fait partie de l’histoire nationale, j’ai trouvé ahurissant que nous n’en n’ayons pas tous connaissance et j’ai eu envie de la transmettre.

Traiter ce sujet en une fiction vous permet-il de rendre peut-être plus sensible ce sujet sociétal profond qu’est l’avortement sur lequel on revient dans certains pays ? Je ne suis pas documentariste. J’avais envie de fabriquer des images manquantes. L’avortement a été assez peu représenté au cinéma et surtout de manière dramatique, ce qui est justifié par l’aspect abominable des avortements clandestins. L’avortement de la façon dont le pratiquait le MLAC était une solution à un problème, un soulagement, un accueil global des femmes. C’est aussi une révolution du rapport entre le médecin et le patient. Le MLAC englobe beaucoup de choses. La lutte collective est tellement vaste qu’à travers un personnage romanesque comme l’est Annie, simple ouvrière qui entre en politique, je pouvais traverser tous les sujets abordés par le MLAC. C’est aussi une émancipation personnelle qui arrive grâce au collectif, à la rencontre. Cette espèce de classe de femmes se constitue en annulant toutes les différences sociales : Les bourgeoises avec les prolétaires, les médecins, les non médecins. Cette lutte est exemplaire et en plus victorieuse.

Pourquoi ce titre : Annie Colère ? Il y avait une colère dingue d’injustice sociale, avec les aiguilles à tricoter pour les pauvres et les cliniques pour les riches en Angleterre ou en Hollande. La colère des médecins qui, à l’internat, ont tous été traumatisés par des femmes qui arrivaient en hémorragie et qui sont mortes dans leurs bras suite à des avortements clandestins. Ils s’apercevaient que la méthode karman était très simple, sans danger, indolore. Ils avaient l’impression qu’on leur avait menti à l’hôpital en disant que cet acte était dangereux. Il leur était insupportable de penser à toutes ces femmes mortes pour rien. La colère d’Annie aussi, parce que pour elle tout s’est bien passé, mais parce qu’elle n’en a pas parlé, ce n’est pas le cas de sa voisine. C’est une colère globale de l’injustice faite aux femmes. Et ma colère personnelle aujourd’hui, de constater l’accueil mitigé des femmes à l’hôpital. Ce droit se fragilise partout. On vit une période particulière où dans certains pays ce combat est enfin gagné comme l’Argentine ou l’Irlande. Parallèlement ça se durcit en Italie, en Pologne, aux USA c’est dramatique. On est dans un mouvement autant progressif que régressif, il faut rester vigilants.

C’est un droit qui n’est pas acquis pour vous en France et en Europe ? Non. Tous les droits qui ont été acquis de haute lutte c’est à dire avec une forte mobilisation civile, des manifestations, des scandales mis sur le tapis comme faisait le MLAC, risquent de nous être enlevées dès qu’on baissera la garde si plus personne ne les réclame. C’est parce que la mobilisation civile a été forte que les droits ont été acquis, pas parce qu’un beau matin un ministre se réveille en disant qu’il faut arranger les choses.

Pourquoi est-ce que pour acquérir des droits les femmes doivent absolument en passer par une révolution à votre avis ? Toujours. L’un des bons côtés des réseaux sociaux et d’internet, même s’ils ne génèrent pas que des bonnes choses, est que les luttes féminines s’organisent mieux. #MeToo n’aurait pas existé sans les réseaux, toutes les dénonciations de violences gynécologiques en France non plus. Les mobilisations sont telles que les lois évoluent. Le problème est que des lois formidables qui ont été votées ne sont pas appliquées. Par exemple en 1975 a été votée une loi qui demande à ce que l’éducation sexuelle soit faite à l’école qui demandait depuis vingt ans trois séances d’une heure et demie de la maternelle a la terminale. Ce n’est appliqué nulle part. On continue de stigmatiser les femmes qui avortent et en même temps on ne donne aucune éducation sexuelle aux garçons ni aux filles. Ces contradictions deviennent insupportables. Il devient difficile d’avorter à l’hôpital donc on demande au planning familial de s’en occuper et en même temps, en France, on coupe ses subventions. Ce ne sont que des exemples comme ceux-là. Il faut se faire entendre. Mon film n’est pas non plus un manifeste politique mais en tous cas il est là pour raconter ce qu’il s’est passé, comment on a obtenu cette loi, alors que le roman national ne nous parle que de Simone Veil. Elle a défendu une loi avec énormément de courage et de ténacité, mais c’est parce que Giscard d’Estaing lui a demandé de rétablir l’ordre social. A ce moment-là c’était le chaos dans le pays avec trois-cent antennes qui pratiquaient des avortements illégalement mais pas clandestinement, en proclamant haut et fort : « On le fait, vous faites quoi ? On change la loi ou on continue ? » Il faut un rapport de force pour faire avancer les choses.

Votre fiction montre des scènes d’avortement qui, sans jamais être dans le pathos sont bouleversantes avec le témoignage de ces femmes qui ont bien sûr toutes des raisons valables d’avorter. Cela va à l’encontre de ce que reprochent les anti-avortements c’est à dire des avortements qui seraient qualifiés « de confort ». N’importe quelle femme qui veut interrompre une grossesse a une bonne raison, elle n’a pas à se justifier. Prolonger une grossesse non désirée est un cauchemar. Il n’était pas question pour moi de les juger mais je voulais qu’on les rencontre. Elles ne doivent pas être stigmatisées. Les femmes qui avortent sont les mêmes qui accouchent, qui font des fausses couches, ce ne sont pas des femmes particulières. Il fallait raconter des femmes qui nous touchent. Mon film montre six avortements, plus que dans toute l’histoire du cinéma. Ce ne sont pas des avortements violents ou glauques, ils sont filmés comme une solution apportée à un problème dans une grande bienveillance et sans jugement, parce que c’est toujours un acte qui fait que les femmes sont traversées par des doutes, des questionnements etc., mais qui les regarde. Je les respecte et j’ai beaucoup de pudeur par rapport à ça. J’ai mis en scène des femmes qui sont surtout bouleversées par le fait qu’elles sont considérées et prises en charge globalement dans tout ce qu’elles sont.

Il y a une scène étonnante ou un médecin demande à Annie, Laure Calamy, de raconter sa vie. Elle dit « J’ai eu deux enfants donc deux accouchements, une fausse-couche et un avortement ». Il lui demande comment ça se passe. Là, elle est choquée. Parce qu’elle n’est pas habituée. Depuis la nuit des temps les femmes ont l’injonction de faire silence. On ne leur parle pas des accouchements ni des avortements. On n’a pas parlé du viol pendant très longtemps. Encore aujourd’hui l’obsession des jeunes filles qui ont leur règles est que cela ne se sache pas.

Il faut se cacher. Doit-on toujours être de jolis objets à regarder qui n’ont pas d’expérience corporelle ? Le film est une expérience corporelle. On est traversé par ce que les femmes vivent, c’est ce que j’ai essayé de faire, que l’on soit émus avec elles.

Pourquoi avoir choisi Laure Calamy pour incarner le personnage d’Annie ? C’est mon troisième film avec Laure Calamy. C’est une immense actrice. Elle a le côté ordinaire de la femme extraordinaire, on peut s’identifier à elle. Elle est très jolie tout en étant madame tout le monde, elle a une énergie pétillante merveilleuse. Il y a un grand rapport de confiance entre nous, la créativité est très libre. Comme elle est en confiance elle propose aussi beaucoup. On grandit comme cela, ensemble et on rit beaucoup. Et c’est vrai qu’on l’a beaucoup vu dans des rôles plutôt clownesques parce qu’elle est géniale en comédie. Mais comme chez tous les acteurs de comédie elle a quelque-chose de très émotif. Je lui ai raconté un personnage transformé par la lutte qui évolue, s’épanouit au fur et à mesure qu’elle milite et qu’elle pratique. Pour moi Laure c’est ça, une petite femme qui devient immense. C’est une fille très humble, je l’adore.

C’est un film choral, comment avez-vous casté tous ces personnages ? Pendant la préparation du film j’ai rencontré beaucoup d’anciens(nes) militantes et militants du MLAC. Des médecins, des non médecins. La diversité sociale de toutes ces femmes m’a frappée. Je me suis retrouvée à table avec des gens très différents, ça ne m’arrive jamais. Dans mon métier tout le monde est quand même assez privilégié et dans la vie on rencontre souvent des gens qui nous ressemblent, c’est comme ça. J’ai rencontré une ancienne gynéco, une femme au minimum social qui n’avait plus de dents, une ancienne bibliothécaire. Elles avaient une douceur entre elles, une écoute. Personne ne se coupait la parole. Quand quelqu’un racontait quelque-chose de difficile tout le monde écoutait. Il y avait une petite main sur l’épaule mais sans être intrusif. Je me suis dit « C’est cette diversité-là qu’il faut parvenir à mettre en scène». A partir de là, j’ai pensé à India Hair pour incarner la jeune gynécologue car elle est un peu chic mais simple. Je voulais une infirmière un peu moderne, d’un autre milieu social et en même temps très politisée, Zita Hanrot avait cette énergie-là. Les femmes me racontaient aussi chacune leur méthode d’anesthésie verbale. Qui mettait un disque, qui chantait une chanson, qui était cinéphile et racontait le film qu’elle avait vu la veille. Certaines faisaient des massages. Chacune avait son petit savoir-faire pour aider la femme à traverser la douleur. Je trouvais magique le fait de chanter une chanson. J’étais très fan de Rosemary Standley qui est la chanteuse de plusieurs groupes et notamment de The Moriarty. J’ai eu envie de faire appel à elle sans y croire et par bonheur elle a dit oui car elle n’est pas du tout actrice. Je voulais que l’avortement d’Annie soit comme un moment suspendu qui fasse vraiment appel à tous les sens. C’est à dire qu’on l’éduque, on lui parle en lui faisant l’acte médical, on lui explique ce qu’on fait donc déjà c’est magique. On prend soin d’elle, on la regarde. Et l’idée qu’il y ait une chanson magnifique en plus avec cette voix extraordinaire donnait cette impression globale. Qu’elle ne comprenne pas ce qui lui arrive tellement tout est beau et que ce soit le contraire de ce qu’elle craint. A l’époque il était question de vie ou de mort. Cette méthode karman apparait alors comme quelque-chose de magique.

L’avortement signifiait aussi une mort possible. On l’oublie un peu. Certains films ont raconté le risque de mort. L’Evénement d’Audrey Diwan raconte très bien ce qu’était risquer le tout pour le tout. Quand on ne veut pas une grossesse on est prêt à en mourir. C’était ça la réalité. A l’époque tout le monde connaissait une femme qui en était morte ou restait stérile. C’était un drame. De nombreuses femmes que j’ai rencontrées n’ont pas eu d’enfant parce qu’elles ont été stériles suite à un avortement. Ce drame national touchait toutes les familles.

La vie est très présente dans votre film. On y voit beaucoup d’enfants. C’était volontaire de montrer le foisonnement de vie par rapport au sujet ? Je ne voulais pas stigmatiser les femmes qui avortent. Ce sont les mêmes qui ont des enfants, qui les adorent parce qu’elles les ont désirés. Ce ne sont pas des gens anti-enfants, ça c’est un délire. Il y a ce personnage pétri de culpabilité dans le film qui pense qu’avorter est un pêché. Elle a vingt-cinq ans et cinq enfants. C’était ça la réalité. Un sixième ce n’est pas possible ou, comme Annie, elle pense qu’elle n’a plus l’âge, que c’est derrière elle et que ce n’est pas le moment. Je fais partie de la première génération qui a été désirée. On constate au sein de la génération d’avant des gens qui n’ont pas toujours reçu beaucoup d’amour de leurs parents parce que c’était une corvée. On peut comprendre que pour une femme qui a six, sept enfants, cela soit juste une corvée insupportable.

Les hommes sont bien présents dans votre film. Quelle place occupent-ils ? Le MLAC était un mouvement singulier parce que les hommes en faisaient partie. En tant que médecin déjà, puis en tant qu’alliés, compagnons, amis, militants d’extrême gauche. Ils n’étaient pas militants de la même façon. Certains voyaient en l’avortement un outil de la lutte des classes pour dénoncer l’injustice sociale de l’époque, ou pour les pauvres c’était les aiguilles à tricoter alors que les riches allaient en clinique. Ils n’étaient pas traversés de la même façon par cette expérience. Les femmes médecins ou les femmes militantes avaient elles-mêmes avorté. Les médecins très investis avaient tous été traumatisés par leur expérience à l’internat où ils ont vu mourir des femmes en hémorragie qui avaient l’âge de leur copine. Il y avait de tout, même des abus au milieu de tout ça. A la fin dans les trois-cent antennes, au bout de 18 mois la moitié d’entre-elles étaient tenues par des non-médecins, majoritairement des femmes. A un moment donné elles se sont emparé du geste. Elles se sont dit : « C’est tellement facile, on n’a plus besoin des médecins ni des mecs ».

Ce qui est étonnant dans votre film, c’est aussi cette douceur dont vous parliez que vous filmez. C’est une douceur que vous avez observé ? Non, dans la charte du MLAC la tendresse était écrite en énorme. Une femme qui vient avorter, pour que cela se passe bien il faut aussi l’entourer de tendresse. Il faut aussi se souvenir qu’il y avait beaucoup de viols à l’époque ce n’était pas encore un crime. On ne pouvait pas porter plainte, de toute façon même quand c’est le cas il ne se passe pas grand chose. Ces femmes arrivaient parfois meurtries, blessées. L’idée du MLAC était « On reçoit une femme, on en profite pour lui parler de son corps, l’éduquer pour la déculpabiliser et pour l’entourer d’une grande bienveillance dont elle a forcément besoin en venant ici ». Elles avaient toutes en plus été marquées par des avortements violents. Les faiseuses d’ange n’étaient pas toujours très douces comme on le voit dans L’Evénement d’Audrey Diwan. C’était de la torture. La lutte passait par la transgression, C’était politique.

C’est aussi ce que dit le personnage d’Annie. C’est très important encore aujourd’hui. Quand j’ai affaire à un médecin je lui demande de m’expliquer ce qu’il me fait. Beaucoup de médecins sont déstabilisés et me disent : « Laissez-moi faire, ne vous inquiétez pas ». J’ai confiance en vous mais c’est mon corps, expliquez-moi ce que vous me faites. Certains ont encore du mal avec ça. Quand j’étais enceinte j’étais frappée au moment des échographies. Quand je posais des questions on me disait « Ne vous inquiétez pas c’est normal ». Je ne demandais pas si c’était normal mais que l’on m’explique. Les femmes nagent dans cette ignorance. C’est vrai que l’on a un rapport à la médecine plus intense que celui des hommes. On va chez le gynécologue tous les ans etc. De nombreux gynécologues nous prescrivent une ordonnance de pilule sans nous parler de notre corps. Il faut chercher l’information, c’est délirant. On a l’impression que la société a intérêt à ce que les femmes restent ignorantes ainsi elles sont soumises, à disposition des hommes et de leurs désirs.

C’est peut-être aussi pour cela que l’avortement est autant remis en cause dans différents pays. Je ne parviens pas à comprendre, il y a un climat très régressif actuellement.

Il y a le voile en Iran, l’avortement aux Etats-Unis…. En Iran il ne s’agit pas seulement du voile mais de tous les droits.

Je pensais aux femmes dans le monde. C’est le patriarcat. Un gros mot que tout le monde ne parvient pas à entendre. Et c’est la domination masculine, l’emprise sur le corps des femmes, l’avortement, mais même dans la rue ! Le fait qu’on ait peur le soir dans la rue est une façon de nous maintenir à la maison. Le contrôle sur nos vêtements, une jupe trop courte on est des salopes, trop longue on est prudes. Il s’agit d’un contrôle global dont l’avortement est un symbole très fort. Nous ne sommes pas encore libres de nos corps. Les choses n’avanceront que si les hommes s’emparent aussi du combat, si on est nombreux. Et puis si les femmes tombent enceintes il y a bien eu un homme quelque part ! Les jeunes générations d’hommes sont aux manifestations pour les droits des femmes, ils sont concernés, révoltés, comme ils le sont contre le racisme et l’homophobie. En parallèle il existe aussi un mouvement réactionnaire d’extrême droite chez les jeunes. Deux pans de la société s’opposent mais j’ai beaucoup d’espoir dans la jeune génération qui se pose des questions sur de nombreux sujets comme le genre et je pense qu’ils font bien avancer les choses.

Vous avez collaboré avec Bertrand Belin pour la musique du film. Oui, sur tous mes films. Ca fait vingt-trois ans qu’on travaille ensemble. J’ai fait dix courts-métrages et trois longs avec lui. C’est un de mes amis d’adolescence, on est très proches. C’est quasi un co-scénariste. Il parvient à me faire croire que c’est moi qui fait la musique alors que je ne suis pas du tout musicienne ! Il comprend tout à fait ce que je cherche et notre collaboration est très heureuse.

Dans certains plans où Annie roule en vélo on à l’impression que cette musique est une respiration, un souffle… C’est ça. Mes producteurs ont eu du mal à le comprendre et ils trouvaient ensuite qu’il y avait trop de séquences de vélo. Je leur expliquais « Le vélo va nous montrer comme elle grandit et évolue ». Elle est d’abord dans la nuit, elle a peur. Elle est ensuite un peu soulagée mais a quand même froid. Puis elle transporte une petite derrière elle et la lutte collective arrive. Et enfin elle est merveilleusement belle au soleil dans la nature et n’a plus peur de rien.

J’ai le souvenir que l’on entend bien ce souffle à la dernière séquence… Ce sont comme des battements de coeur. J’adore ces plans, je les trouve lyriques.

La bande son a une place importante dans le récit. On a fait un super boulot sur le son. J’ai beaucoup de chance avec Bertrand parce que la musique de film est comme lui, très humble. Il ne s’agit pas d’une musique tonitruante, elle accompagne le film. Il est au service de l’histoire parce qu’il fait peu de musiques de film. Je crois qu’il en a fait une autre… Il fait ses albums et il est très heureux. Quand la musique de films est un métier, c’est là que s’exprime la créativité de ces musiciens. Lui fait ça par amitié et on se respecte aussi beaucoup dans notre travail. Il adore le film. Sur Aurore c’était encore un autre travail de comédie, plus dur. C’est beaucoup plus difficile la comédie, mais on n’a pas le droit de le dire car c’est moins valorisé !

Propos recueillis par Stéphanie Lannoy, FIFF 2022.