Dans Happy End, Michael Haneke dresse un portrait glaçant des Bourgeois de Calais

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Double lauréat de la Palme d’or avec Le Ruban blanc et Amour, Michael Haneke est revenu bredouille du Festival de Cannes cette année où Happy End était présenté en Compétition Officielle. Ce drame analyse froidement la vie d’une famille de grands bourgeois calaisiens.

Anne Laurent dirige une grande entreprise héritée de son père vieillissant. Toute la famille habite dans un manoir près de Calais. Le conflit des générations et d’autres tensions inattendues vont bouleverser le quotidien de cette famille apparemment bien sous tous rapports.

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Isabelle Huppert dans Happy End

Haneke nous emmène à Calais pour y dresser un portrait de famille corrosif. Chez les grands bourgeois, le cinéaste constate la solitude de chacun, et le malaise de l’ensemble familial qui rejaillit. Isabelle Huppert incarne une mère qui tente d’assurer une cohésion familiale. Son frère, Thomas, Mathieu kassovitz, vit lui aussi dans la maison de maître du père, interprété par un Jean-Louis Trintignant qui semble n’avoir qu’une envie, quitter ce monde. Pierre, le fils de la maison, Franz Rogowski, 
insupportable et en souffrance, est incapable d’occuper le rôle familial qui lui est assigné.  Eve, Fantine Harduin, jeune ado blonde, fille de Thomas, va pénétrer ce monde étrange en s’installant dans la maison. C’est un personnage intéressant, le « grain de sable » de ce petit monde, qui va nous conduire au sein de cette famille et la découvrir en même temps que nous.

Haneke exploite des idées de mise en scène originales en utilisant les images de différents médias comme le gsm d’Eve qui filme. Son procédé consiste à nous montrer les pensées intimes de certains protagonistes avant de nous les montrer à l’écran. On aborde donc ces personnages par leurs écrits, ou en voix-off comme celle de Eve, c’est à dire par leurs pensées.

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Jean-Louis Trintignant, Happy End

La mise en scène est assez froide, le portrait de cette famille bourgeoise sans concession plutôt triste. Le film n’est cependant pas dépourvu d’une pointe d’humour et l’on sourit des situations cocasses qui vont s’imbriquer autour de la vie de ce microcosme familial, comme ce magnifique final de mariage.