C’est une bouleversante histoire que celle de Romain Gary qui grandit auprès d’une mère aussi charismatique et fantasque que courageuse et entreprenante. Cette fresque incroyable raconte l’immigration de l’auteur parti enfant de Russie pour la Pologne avec sa mère Nina, Nice, puis adulte l’Afrique et enfin le Mexique, où débute l’histoire de ce grand flash-back hommage à une mère digne d’un personnage de roman. Eric Barbier adapte ici le célèbre roman éponyme de Romain Gary dans un scénario co-écrit avec Marie Eynard. Un écrivain souffrant terriblement (Romain Gary) écrit dans le taxi qui le mène loin, à México, à l’hôpital. Sa femme anglaise l’accompagne et découvrira au fur et à mesure ses écrits.

Seule avec son fils, immigrée de Moscou, Nina est arrivée depuis 3 mois en Pologne. Elle tente de créer des chapeaux et se bat pour subsister dans un monde bien peu généreux envers les juifs. Nina imagine pour Romain, son enfant, une vie magnifique pleine de réussite. Il sera « ambassadeur de France ».

Si la réalisation est extrêmement classique, le côté extraordinaire de ce récit prévaut, ainsi que la beauté de cet hommage d’un fils à sa mère qui dit-il, « a fait de lui un écrivain ». Charlotte Gainsbourg est divine en interprétant cette mère russe de caractère, fantasque, qui va permettre au duo de survivre malgré les difficultés d’une vie pas simple et les fuites d’un pays à l’autre. Coiffée d’un chignon, voix grave et accent russe qui roule, l’actrice est formidable. Elle est accompagnée successivement par de jeunes comédiens qui jouent Romain à des âges différents et dont la prestation est véritablement à souligner. Le plus jeune est Pawel Puchalski, l’adolescent Némo Schiffman. Pierre Niney assume superbement le rôle de l’écrivain adulte.

La Promesse de l’Aube met en scène la vie de l’écrivain, une vie passionnante et aventureuse auprès de sa mère puis la quittant devenu adulte. Le récit raconte aussi – et forcément – une histoire psychanalytique : celle de la construction psychologique d’un enfant pour devenir adulte auprès d’une mère autoritaire qui décidera de la carrière de son fils dès son plus jeune âge. Romain va s’accommoder de ce que sa mère lui demande et essayer d’y répondre, de la rendre fière, tout en forgeant sa personnalité.

Une grande partie de l’intérêt du récit réside ainsi dans la confrontation d’un monde construit par une mère possessive et la réalité que se prend en pleine face et brutalement Romain. L’enfant admire une mère courageuse et qui les sauve de bien des faux pas : faillites, immigration dans un nouveau pays… L’adulte Pierre Niney comprend le fonctionnement maternel et on le voit se développer sans emphase et même en passer par le mensonge lorsque ses articles ne sont pas publiés dans les journaux, face à cette mère qui l’a façonné écrivain.