Le petit journal du 70e Festival de Cannes, Before we vanish de Kiyoshi Kurosawa – Sélection Officielle, Un Certain Regard.
Avec Before we vanish, Kiyoshi kurosawa réalise un pur film de genre. Son scénario est l’adaptation d’une pièce de théâtre du dramaturge Tomohiro Maekawa qu’il transpose en film de science-fiction, digne de ceux des années cinquante. La jeune écoliere Akira, manipule bizarrement des poissons avec une épuisette. C’est le point de départ du récit. Les extra-terrestres veulent envahir la terre à un moment bien précis de l’histoire du monde. Pour cela, ils empruntent le corps des humains. Deux enfants aux gueules d’anges, Akira et Amano, vont se révéler de terribles envahisseurs. Le troisième larron est un adulte, Shinji (Ryuhei Matsuda), mari de Narumi (Masami Nagasawa) qui se rend compte après la réapparition de son époux, chez le médecin, qu’il n’est plus le même. Son caractère a changé et il lui réclame de devenir son « guide » car il a encore « beaucoup de choses à apprendre ». Pour effectuer leur apprentissage, les énergumènes volent des concepts dans la tête des humains, ce qui laisse ceux-ci à la fois libérés d’un poids et complètement béas – la sœur de Narumi perd le concept de famille et prend illico congé de sa sœur chérie, le propriétaire à qui l’on ôte l’idée même de propriété dénonce la responsabilité de ce concept qui, comme la consommation, engendre des guerres.
« Les humains croient qu’ils peuvent contrôler cette planète ! Mais dans 100 ans vous êtes morts de toutes façons. » Lancera Amano, l’un des envahisseurs au journaliste Sakuraï (Hiroki Hasegawa) qu’il a nommé son guide. On sent la veine écologique du cinéaste qui déjà dans Le secret de la chambre noire filmait les produits photos corrosifs déversés dans le jardin, et la mort des plantes de la serre. La contamination est encore de mise ici puisqu’il s’agira aussi d’un virus…
A travers l’apprentissage des pensées humaines et leur passage d’un corps à l’autre, kiyoshi Kurosawa cherche à décortiquer l’humain, en séparant le corps de l’esprit. Que nous reste-t-il quand on enlève les concepts de famille, de propriété, d’amour ? Qu’est ce qui nous différencie d’envahisseurs insensibles ? Le cinéaste considère les corps dans ce film comme des contenants qui abritent ou pas des concepts – les corps des envahisseurs sont vides (de sens) – qui mis ensemble, s’emboitent pour ainsi dire et créent l’âme humaine.