Chiara Mastroianni fait le point dans Chambre 212 de Christophe Honoré

Sous des airs de drame amoureux, Chambre 212 de Christophe Honoré se révèle une comédie surprenante au récit audacieusement irréel qui fourmille de références cinématographiques. Le cinéaste nous emmène dans une « Rue de Cinéma », aux 7 salles, et où, sous l’enseigne du restaurant Rosebud (clin d’oeil au très célèbre Citizen Kane d’Orson Welles), discuteront nonchalamment les protagonistes de l’histoire. Ce monde de cinéma permet au cinéaste de créer un univers de tous les possibles. Après une dispute avec son mari, Maria, la quarantaine, se retrouvera dans une chambre d’hôtel dont la multitude de portes s’ouvriront sur les morts ou les vivants. Maria vivra une nuit où espaces-temps se chevaucheront, et où les doubles apparaitront.

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Maria effeuille les jeunes amants. Son mari Richard, la cinquantaine, va découvrir malgré lui l’usure de leur mariage. Maria s’installera alors dans une chambre d’hôtel, juste en face de son appartement pour entreprendre une réflexion sur son couple. Elle y observera celui qui fut son amour depuis 20 ans. C’est alors qu’il apparaitra, à ses côtés… âgé de 25 ans. Sa mère décédée tentera également lui donner des leçons. Les portes s’ouvriront et se refermeront, laissant cette quadragénaire face à sa conscience, à son mari et à son avenir.

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Chiara Mastroianni est éblouissante en Maria, cette femme mûre, prof de droit contrainte de faire le bilan sur une vie amoureuse décomplexée. Benjamin Biolay, le mari trompé, en chaussettes, bermuda et gros pull en laine est ici à contre-emploi, à l’opposé de son image de séducteur. Vincent Lacoste l’égalera délicieusement en jeune premier de 25 ans qui vient constater l’échec de sa future vie auprès de sa femme. Camille Cottin interprète Irène, l’envoûtante maîtresse qui reviendra auprès de son bien-aimé d’autrefois.

Christophe Honoré signe un joli film ingénieux à tiroirs et aux nombreux rebondissements, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Les personnages qui vont et viennent dans le temps à des âges différents permettent au cinéaste une réflexion sans détour sur le couple et sa longévité. Comme cet enfant qui n’a pas pris sa place dans ce ménage malgré les années. Ceci tout en distillant un humour piquant et savamment dosé.

Photos Jean-Louis Fernandez