120 battements par minutes de Robin Campillo, l’urgence des malades du sida sous Mitterrand. Vif et déchirant

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120 battements par minute est un portrait de groupe douloureusement intime et criant de vérité qui a fait l’unanimité de la critique au Festival de Cannes par l’émotion qu’il a suscité, car ce film touche au cœur.  Il a finalement esquivé la Palme pour remporter le Grand Prix du Jury. Ce long-métrage nerveux, à l’écriture rapide, au plus près de ses personnages, épouse l’urgence qu’impose leur situation. Ancien militant d’Act Up, le réalisateur Robin Campillo va au bout de son sujet dans un scénario co-écrit avec Philippe Mangeot, lui-même un ancien président de l’association.

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Survivre et toujours se battre, voilà ce que montre le film de Robin Campillo à travers le combat des jeunes militants d’Act Up au début des années 90
. Vivre, se battre pour trouver un traitement ou mourir, pas le choix. Les traitements mettent trop de temps à être mis en place alors que les jeunes gens meurent les uns après les autres. Et c’est en grande partie leur jeune âge qui choque. On refuse de voir mourir ces jeunes gens pleins de vie. L’histoire d’amour entre Sean, séropositif (Nahuel Pérez Biscayart) et Nathan (Arnaud Valois) séronégatif, est bouleversante et l’interprétation des comédiens à souligner. Notons également la présence de la combative Sophie dans les débats d’Act Up, incarnée par Adèle Haenel.

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Les corps sont filmés à la fois comme source de plaisir, comme source de douleur et aussi comme refuge de la maladie. Robin Campillo connaît son propos et n’hésite pas à montrer le vrai visage du malade du sida en phase terminale, déformé par la maladie et c’est terrible. Quelques séquences introduisent un peu de légèreté et de poésie dans le récit comme des scènes de boites de nuits ou des plans de cellules de virus qui dérivent dans leur liquide sur fond musical, comme des respirations nécessaires car la situation mélodramatique est parfois étouffante puisque l’on en connait l’issue.

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Robin Campillo place la vie au cœur du film
. Cette vie à 100 à l’heure qui habite ses personnages, représente l’essentiel du coup de poing que nous donne le film : face à la mort il y a la vie. La figure de la confrontation existe au sein même du groupe et à l’extérieur. Se battre pour exister, faire face et aider le cœur à battre, 120 battements par minutes.