Avec Patti cake$, Gérémy Jasper réalise une comédie vive, énergique et humaniste. Le film a été très applaudi en clôture de la Quinzaine Des Réalisateurs à Cannes. Il rejoint par son sujet une série de films indépendants américains dénonçant une société qui voudrait « gommer » ses laissés pour compte, comme le font American Honey ou The Florida Project. Une pauvreté bien loin du rêve américain avec ses « part-time jobs » et les souffrances qui s’y rattachent.

Toutes ces œuvres ont comme point commun une vitalité, une énergie débordante et des personnages hauts en couleurs. C’est le cas de Patti cake$, cocktail détonnant entre le réalisme d’une vie difficile dans le New Jersey et les rêves de gloires de la jeune et ronde Patricia Dombrowski, 23 ans, superbement interprétée par Danielle Macdonald. Patti (ou Killa P) rêve de devenir star du Hip Hop et de rencontrer son idole O-Z. Entre une mère, Barb, Bridget Everett, chanteuse-râtée-dépressive et une grand-mère malade, La jeune femme constitue le pilier économique de sa famille. Elle enchaîne les heures de travail et les petits jobs, comblant les frais hospitaliers impayables de nana, sa grand-mère, Cathy Moriarty. Elle va se battre contre le système pour échapper à sa condition, en tentant de se lancer dans une carrière de rappeuse, entourée de peu d’amis.

Patricia va à l’encontre des discriminations qu’elle subit dans une société verrouillée. C’est une femme, ronde, et qui par-dessus le marché rappe avec son acolyte Jheri, Siddharth Dhananjay, vendeur en parapharmacie. Ils se donnent à plein poumons à la rime et elle excelle comme slammeuse, notamment lors d’une battle de rue. Ils rencontreront Basterd, Mamoudou Athie, un musicien asocial qui les accompagnera dans leur projet fou.

Gérémy Jasper a lui-même écrit la musique de ce film très musical qui emprunte beaucoup au clip par moments. L’histoire connait des ressorts parfois attendus et un peu simplistes, comme la grand-mère qui vient assister aux répétitions du groupe de rap, mais au fond, on est séduits par ces personnages attachants. Ces héros imparfaits mais volontaires nous embarquent dans leurs aventures, et dieu que l’on a envie de les voir réussir ! L’héroïne sort de sa situation sociale magnifiée, féminisée. She’s got the style, Killa P !

Sundance 2017 – Sélection Officielle
SXSW Austin 2017 – Sélection Officielle
Cannes 2017 – Quinzaine des Réalisateurs