Projeté une huitaine de jours avant la fermeture des cinémas, la satire tragico-romantique à l’univers décalé d’Albert Dupontel, Adieu les cons, remporte 7 Césars dans un monde covidien. Quoi de plus logique ? On aurait presque envie de se réfugier dans le monde absurde mais sans covid de Dupontel, là où les cinémas sont ouverts.
Un an après un palmarès tumultueux, une présidence de l’Académie renouvelée et une pandémie, le cinéma a repris vie ce vendredi soir avec la très politique 46ème Cérémonie des Césars présentée par Marina Foïs sous la Présidence de Roschdy Zem. On pouvait catégoriser la radieuse maîtresse de Cérémonie, Marina Foïs « d’essentielle » ce vendredi puisque le mot est à la mode, ramassant une crotte de chien sur un texte à l’humour corrosif co-écrit avec les trublions Blanche Gardin et Laurent Laffitte. Peu de public dans la salle -150 personnes – seuls les nommés étaient invités avec respect des conditions sanitaires strictes.
Une mise à l’honneur de la culture qui fait du bien lors de cette soirée forcément politique –CGT à l’appui – où l’appel de la profession à la ré-ouverture des salles fut général. D’Anny Duperey « Roselyne (Bachelot, Ministre de la Culture ndlr), il va falloir se bouger avant qu’ils ne se tirent tous ! » désignant l’hécatombe de décès cette année dont plusieurs partenaires de jeu. A l’émouvante Laure Calamy, lauréate du César de la Meilleure actrice pour l’inattendue comédie campagnarde de Caroline Vignal Antoinette dans les Cévennes, qui remercie son ami « Pôle Emploi ». L’électrochoc en soutien au secteur culturel exsangue fut celui de la comédienne Corinne Masiero. Arrivée en costume de peau d’âne trash, l’actrice s’est muée en Carrie ensanglantée de Stephen King avant de se dévêtir complètement arborant les mots « No Culture No future » sur la poitrine.

Adieu les Cons d’Albert Dupontel se révèle le grand gagnant de la soirée avec 7 Césars dont Meilleur film, Réalisation, Photo, Scénario, Décors, Meilleur acteur dans un second rôle pour l’excellent Nicolas Marié… On espère d’autant plus retrouver cette comédie hors-normes sur les écrans dès la réouverture des salles.
Le documentaire Adolescentes réalisé par Sébastien Lifshitz qui suit la vie de deux jeunes filles de leurs 13 ans à leur majorité et Prix Louis Delluc, remporte 3 Césars dont celui du Meilleur montage. Le film d’une durée de 2h est réalisé à partir de 500 heures de rushes, performance d’autant plus remarquable de la monteuse Tina Baz.
Laure Calamy remporte le César de la Meilleure actrice pour Antoinette dans les Cévennes.
Sami Bouajila reçoit le César du Meilleur Acteur pour son rôle de père dans Un Fils.
Côté animation Josep reçoit – et on s’y attendait – le César du Meilleur long métrage d’animation.
Le merveilleux Drunk de Thomas Vinterberg avec l’époustouflant Mads Mikkelsen qui distille l’envie de vivre reçoit le César du Meilleur film étranger. Sa sortie en salle fut annulée en Belgique car prévue au même moment qu’un confinement. Drunk sortira dans les salles françaises à leur réouverture. On espère grandement le voir sur nos (GRANDS) écrans très bientôt.
Un César de la Comédie fut remis à l’équipe du Splendid venue au complet. Les innombrables disparus de l’année reçurent l’hommage de rigueur, dont le grand scénariste Jean Claude Carrière ou Jean-Pierre Bacri, qui se voit décerné un César d’Honneur.
Dans les salles de cinéma on regarde tous vers la lumière, on ne parle pas. Aucun cluster à y déplorer.
Alors à quand l’ouverture des salles de cinéma pour éviter cet embouteillage de films dont on sait qu’il est inéluctable ?
Plusieurs des jolis films primés au Césars et leurs entretiens seront mis à l’honneur ce mois-ci sur le site.
En attendant de vous plonger dans la lumière d’une salle de cinéma retrouvez en un peu le goût avec Adieu les cons, Antoinette dans les Cévennes, Un fils, Drunk…
PALMARES
Meilleur film
Adieu les cons, réalisé par Albert Dupontel et produit par Catherine Bozorgan
Meilleure actrice
Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes
Meilleur acteur
Sami Bouajila dans Un fils
Meilleure réalisation
Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure actrice dans un second rôle
Émilie Dequenne dans Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait
Meilleur acteur dans un second rôle
Nicolas Marié dans Adieu les cons
Meilleur espoir féminin
Fathia Youssouf dans Mignonnes
Meilleur espoir masculin
Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir
Meilleur scénario original
Albert Dupontel pour Adieu les cons
Meilleure adaptation
Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet
Meilleure musique originale
Rone pour La Nuit venue
Meilleur son
Yolande Decarsin, Jeanne Delplancq, Fanny Martin, Olivier Goinard pour Adolescentes
Meilleur photo
Alexis Kavyrchine pour Adieu les cons
Meilleur montage
Tina Baz pour Adolescentes
Meilleurs costumes
Madeline Fontaine pour La Bonne Épouse
Meilleurs décors
Carlos Conti pour Adieu les cons
Meilleur court métrage
Qu’importe si les bêtes meurent, réalisé par Sofia Slaoui et produit par Margaux Lorier, Frédéric Dubreuil
Meilleur court métrage d’animation
L’Heure de l’ours, réalisé par Agnès Patron et produit par Ron Dyens
Meilleur long métrage d’animation
Josep, réalisé par Aurel et produit par Serge Lalou
Meilleur film documentaire
Adolescentes, réalisé par Sébastien Lifshitz et produit par Muriel Meynard
Meilleur premier film
Deux, réalisé par Filippo Meneghetti et produit par Pierre-Emmanuel Fleurantin, Laurent Baujard
Meilleur film étranger
Drunk, réalisé par Thomas Vinterberg